Le Centre régional d'éducation physique et sportive de Seraïdi, à Annaba, n'est plus qu'une ferme pour l'élevage des bovins et des ovins. Tellement il n'offre aujourd'hui à ses visiteurs qu'une hideuse image d'un coin abandonné, livré à toutes sortes d'activités autres que sportives ou de détente. Ce lieu très apprécié jadis par les Annabis, en quête d'un bol d'air, et des sportifs qui venaient préparer les grandes échéances nationale et internationale est, désormais, l'exemple frappant du laisser-aller, par l'Etat, engendré par l'incompétence de tous ceux qui avaient en charge de gérer et assurer la bonne marche d'un site dédié aux sports et à la nature. Une réputation soignée auprès des fédérations (toutes disciplines confondues), lesquelles faisaient du Creps de Seraïdi, situé à plus de 1 000 m d'altitude, un haut lieu de préparation. Aujourd'hui, c'est à l'état de ruine que cette infrastructure, squattée par les familles sinistrées de Aïn Barbar qui ont fui leur ville durant la décennie noire, que notre collaborateur a découvert lors de son passage. Créé en 1964, le Creps premier joyau sportif de l'Algérie indépendante, implanté sur un terrain boisé de 7 hectares, dont 3 bâtis (un hôtel, un restaurant, des salles de cours, un grand amphithéâtre et une salle de sport) était autrefois un haut lieu de la préparation des athlètes de haut niveau, particulièrement les équipes nationales de football et d'athlétisme. La glorieuse sélection qui a pris part à deux phases finales de la Coupe du monde (1982 et 1986) a effectué plusieurs stages dans cette infrastructure. C'est dans ce centre aux normes internationales que les Madjer, Assad et Belloumi venaient améliorer leurs capacités physiques, ou tout simplement s'oxygéner sur les hauteurs des monts de l'Edough en vue du Mondial de Mexico. Le Creps est abandonné depuis des années et est livré aux aléas du temps et des agressions. Le village sportif est livré à lui-même. Il a perdu beaucoup de son charme, en raison du manque de civisme des uns et du laisseraller des autorités. C'est plus un lieu de pâturage pour les bovins et les ovins de la région qu'autre chose. A la fin des années 1980, la gestion de ce centre sportif a été transférée du MJS vers le ministère de l'Education nationale. Ce dernier et par le biais de sa direction régionale a montré ses limites en terme de gestion. Une contre-décision durant les années 1990 a permis la restitution au profit du MJS de cet ouvrage, mais depuis, le ministère de la Jeunesse et des Sports, à travers tous ses ministres, n'a de cesse de multiplier les promesses pour la remise en l'état et le réaménagement de cet ouvrage. Des sommes colossales et d'importants budgets ont été alloués pour la réhabilitation de ce centre, mais rien n'a été concrétisé. La toute dernière opération de lifting a été entreprise sous l'ère de Hachemi Djiar. En visite de travail et d'inspection à Annaba, le dimanche 16 mai 2010, il avait annoncé que le Creps de Seraïdi bénéficiera d'un projet d'aménagement de plus de 1,35 milliard de dinars en sus d'un lot d'équipements d'une valeur estimée à quelque 500 millions de dinars. Une fois de plus, les promesses de Djiar n'étaient qu'un mirage. Curieusement, de ces travaux d'aménagement, il n'en reste que des «vestiges» : les tuiles qui couvraient la toiture de certains bâtiments de cette infrastructure n'existent plus. «Depuis plus de dix ans, notre commune a vu défiler plusieurs décideurs. P/APC, wali et autres ministres, tous nous ont assuré que le Creps de Seraïdi retrouvera son lustre d'antan. Finalement, ce n'était que des ragots», nous dira un commerçant activant aux abords du centre. «Il y a de cela quelque temps, on a assisté un beau jour à l'arrivée d'une équipe de tâcherons délégués par on ne sait quelle entreprise qui a ramassé les tuiles qui ont résisté au vandalisme et au vol. Je peux témoigner d'une chose : ces tuiles étaient dans un excellent état. Une opération qui avait duré quelques jours, on croyait que c'était la délivrance pour le Creps, et que cette fois-ci, le centre allait être restauré. Une fois les tuiles et également les cadres des portes et fenêtres emportés on ne sait où, cette entreprise n'a plus remis les pieds ici», nous révéla Mahmoud B. Les quelques jeunes que nous avons rencontrés à proximité de l'hôtel El-Montazah, lui aussi assez vétuste, nous ont fait savoir qu'une réouverture du Creps de Seraïdi, absorbera le chômage local en terme d'emplois directs, et permettra au commerce de revivre à nouveau. «Nous lançons un SOS au ministre de la Jeunesse et des Sports, M. Tahmi, pour qu'il intervienne afin de redonner au Creps le visage qui lui sied. Ceci pour le bien de la population locale mais aussi pour le sport», nous dira l'un eux. Qui répondra au SOS de ces jeunes ?