Le Rassemblement national démocratique tiendra son quatrième congrès du 26 au 28 décembre 2013. La décision a été prise jeudi dernier à l'issue d'une session extraordinaire du conseil national du parti tenue à la mutuelle de l'UGTA à Zeralda et que Abdelkader Bensalah à réussi à contrôler de bout en bout. Kamel Amarni - Alger (Le Soir) - Elu secrétaire général le 17 janvier dernier pour assurer l'intérim du poste laissé vacant par la démission surprise de Ahmed Ouyahia, l'actuel président du Sénat ne s'attendait certainement pas à une mission aussi longue, quasiment une année donc, lui qui n'était venu que pour préparer un congrès dans les meilleurs délais. Mais en cours de route, que de surprises ! D'abord d'ordre «domestique». Le deuxième personnage de l'Etat sera en effet confronté dès son installation, à la même opposition que celle qui avait mené la vie dure à son prédécesseur. Mené par l'ancien ministre de la Santé, Yahia Guidoum, et l'ancien secrétaire général de la présidence de la République sous Zeroual, Amar Zegrar, ce courant, extrêmement hostile à l'égard de l'entourage de l'ancien chef du gouvernement, s'était montré tellement intransigeant qu'il avait fini par tenter de destituer Bensalah ! Mais fort de sa position institutionnelle et doté d'un sens impressionnant du compromis, l'homme tient bon et ne renonce jamais à sa manière de faire et qui consiste en un parfait équilibre entre les deux courants qui se disputent le contrôle du parti. Des signes de graves et profonds désaccords étaient d'ailleurs perceptibles, jeudi matin à la mutuelle de l'UGTA, entourée d'un inhabituel et impressionnant dispositif de sécurité. La maladie de Bouteflika change tout Bensalah avait toutefois pris ses devants en neutralisant les uns et les autres qu'il recevait tout au long de la semaine ayant précédé la tenue de cette session du conseil national. Car il y a autre chose à affronter, autrement plus compliquée que tout le reste : la nouvelle donne politique induite par la brutale et lourde maladie qui frappe Bouteflika depuis bientôt deux mois. Il ne faut pas se leurrer. Au départ, lorsque, le 17 janvier Bensalah était «proposé » pour assurer la transition à la suite de la démission provoquée d'Ouyahia, ce n'était, en réalité, qu'une séquence du dispositif général qui commençait à se mettre en place depuis début septembre 2012 en prévision du lancement de la machine du quatrième mandat. Proche parmi les plus intimes de Abdelaziz Bouteflika, Bensalah devait préparer le parti dans cette perspective et le congrès devait d'ailleurs avoir lieu en ce mois de juin. Mais un certain 27 avril ébranlera tout ce plan. Certainement de concert avec les décideurs, Bensalah fera repousser la tenue de ce congrès jusqu'à la fin de l'année, c'est-à-dire le plus loin que puissent le permettre les textes du parti. Six mois de gagnés, autrement dit, pour voir plus clair, le temps que les décantations nécessaires se fassent et que le futur «bon» candidat à la présidentielle soit «identifié». Il va sans dire, en effet, que ce congrès se fera dans la seule perspective d'arrimer le RND au prochain locataire d'El- Mouradia. C'est ce qui explique aussi la prudence et le soin pris par Bensalah pour composer la commission nationale de préparation du congrès. Présidée par luimême, cette commission comprend 160 membres représentant les deux courants. Celle-ci a été officiellement installée hier. De même que Bensalah avait demandé et obtenu le droit d'y adjoindre un quota d'une trentaine de membres qu'il choisira lui-même et qu'il annoncera aujourd'hui. N'est-ce pas significatif, par ailleurs, que le président du Sénat, chef du RND, n'évoque plus le soutien à Bouteflika que par «obligation morale» en quelque sorte ? Dans un très long discours prononcé jeudi à l'ouverture des travaux, Bensalah aura, en effet, cette phrase assez révélatrice : «(...) au RND, à chaque fois nous avons été du côté de monsieur le Président, Abdelaziz Bouteflika. Dans le passé, nous avons soutenu le Président durant toutes les étapes précédentes. Un soutien pour le programme et une politique ainsi que la vision et les orientations de l'homme. Ceci étant, il est dans la logique des choses qu'aujourd'hui encore, nous maintiendrons ce soutien...» Bensalah parle seulement au présent et n'évoque plus l'avenir avec Bouteflika ! Bensalah s'en prend violemment au MSP L'homme des compromis, l'exemple même de la pondération, Bensalah, que l'on nomme aussi le «pompier du régime», celui qui est toujours là dans les moments des grandes crises comme lorsqu'il présidait la commission du dialogue nationale, puis le CNT, l'APN de 1997, etc., cet homme imperturbable donc a surpris plus d'un, jeudi, par une violente attaque contre les islamistes du MSP. «Ce que nous observons de plus étrange qui soit, sur la scène politique, ces derniers temps, c'est que certains, qui étaient jusqu'à un passé très récent, des partenaires dans la responsabilité nationale, tant au plan politique que moral, tentent, aujourd'hui, individuellement ou collectivement de se racheter une nouvelle virginité auprès de l'opinion, croyant que le peuple va vraiment les croire. Ils se trompent lourdement car notre peuple est très au fait de la vérité et sait comment distinguer et faire ses choix le moment venu.» Il est vrai que lorsqu'on entend Abderrezak Mokri ou Aboudjerra Soltani avant lui, on oublie presque que ce parti, le «Hamas Algérie», est au gouvernement depuis 16 ans ! Sans interruption en outre et à nos jours encore...