L'ex-consultant informatique de l'agence de renseignement américaine Edward Snowden, parti de Hong Kong, est arrivé hier après-midi à Moscou, mais sa destination finale serait Caracas via La Havane, un itinéraire choisi pour échapper aux poursuites des Etats-Unis. L'avion dans lequel se trouve Edward Snowden, selon des sources concordantes, a atterri peu après 17h locales (13h GMT) à l'aéroport de Moscou-Cheremetievo. Une source au sein de la compagnie aérienne russe Aeroflot, citée par les agences russes, a confirmé qu'un passager de ce nom était enregistré sur le vol. WikiLeaks, qui a apporté son soutien à Edward Snowden, après qu'il a publié des informations explosives sur la surveillance électronique des personnes et des institutions par les Etats-Unis, a indiqué dans un communiqué qu'il voyageait «à destination d'une nation démocratique par une route sécurisée, pour y trouver l'asile». «Il est escorté par des diplomates et des conseillers juridiques de WikiLeaks», a indiqué le site fondé par Julian Assange dans un communiqué. Selon une source citée par Interfax, Snowden serait accompagné d'une passagère nommée Sarah Harrison, une responsable de WikiLeaks. Le gouvernement de Hong Kong avait confirmé hier le départ de l'Américain, qui s'était réfugié dans le petit territoire autonome chinois le 20 mai dernier. L'annonce par des sources concordantes du départ d'Edward Snowden pour Moscou a fait sensation, la Russie — dont les relations avec les Etats-Unis reprennent dernièrement des accents rappelant parfois l'époque de la guerre froide — ayant récemment indiqué qu'elle examinerait le cas échéant une demande d'asile politique du jeune Américain. Le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov a indiqué ne rien savoir de la destination d'Edward Snowden. Il a cependant maintenu en substance que la Russie ne se refuserait pas le cas échéant à lui accorder l'asile. Mais des sources russes ont affirmé qu'Edward Snowden ne devrait passer qu'une nuit à Moscou, son nom figurant également sur le vol SU150 décollant aujourd'hui à 14h5 (10h5 GMT) pour La Havane (arrivée 18h45 locales), puis sur un vol local La Havane - Caracas. Le service de presse d'Aeroflot n'était pas joignable hier pour confirmation. Un porte-parole du gouvernement de Hong Kong a indiqué que les autorités locales n'avaient «pas obtenu d'informations pertinentes » justifiant l'arrestation de Snowden comme le demandaient les Etats-Unis où il encourt 30 ans de réclusion après avoir été inculpé d'espionnage, de vol et d'utilisation illégale de biens gouvernementaux. Le communiqué du gouvernement hongkongais a précisé que les Etats-Unis avaient été informés de son départ. Aucune information de source officielle n'a été donnée à cette heure sur la destination de M. Snowden. L'agence publique Ria Novosti a indiqué qu'une voiture de l'ambassade d'Equateur avait été vue au terminal F de l'aéroport Cheremetievo où a atterri Snowden. Ce pays a accordé l'asile au fondateur de WikiLeaks, Julian Assange, réfugié depuis le 19 juin 2012 à l'ambassade d'Equateur à Londres. M. Snowden avait auparavant évoqué la possibilité de demander l'asile à l'Islande, pays dont le gouvernement s'est cependant montré très prudent sur le dossier. M. Snowden a multiplié les révélations depuis le 5 juin, date des premiers articles fracassants du Guardian et du Washington Post sur la collecte par l'Agence nationale de sécurité (NSA) de données téléphoniques aux Etats- Unis et des communications d'étrangers sur Internet. Hier, le Sunday Morning Posta assuré que la NSA interceptait «des millions de SMS» envoyés sur les réseaux de mobiles chinois. Pékin a réagi avec virulence à ces dernières allégations, l'agence Chine Nouvelle qualifiant les Etats-Unis de «plus grand voyou de notre temps» en matière d'attaques informatiques. «La NSA fait toutes sortes de choses, comme pirater des compagnies de téléphones portables chinoises pour voler tous vos SMS», a déclaré M. Snowden dans un entretien avec le Sunday Morning Postréalisé le 12 juin, selon le journal de Hong Kong. Auparavant, le quotidien britannique The Guardian avait décrit un programme baptisé «Tempora», conduit par le Centre britannique des écoutes (GCHQ), qui permettrait de recueillir des données Internet et téléphoniques transmises par des câbles à fibres optiques. L'ancien juge espagnol anticorruption Baltasar Garzon, qui dirige la défense de Julian Assange, s'est dit prêt à défendre l'Américain. «Ce qui est infligé à M. Snowden et à M. Julian Assange, pour avoir fait ou facilité des révélations dans l'intérêt du public, est une agression contre le peuple», a-t-il déclaré, cité dans le communiqué de WikiLeaks.