Omar Aktouf est l'un des Algériens qui ont réussi en s'installant au Québec dans les années 1980, devenant des années après, l'une des personnalités les plus sollicitées de la planète dans son domaine d'activité. Il était, hier, l'invité du direct, émission hebdomadaire consacrée par la radio web Maghreb M que promeut l'agence Interface Médias aux questions d'actualité économique et politique au Maghreb. Lyas Hallas - Alger (Le Soir) - Bardé de diplômes, passant de la philosophie et de la psychologie, au marketing et à l'économie de gestion, c'est l'un des critiques les plus engagés contre le capitalisme financier dont il pense qu'il est tout simplement mort. Il l'a été hier justement mais, surtout en ce qui concerne l'Etat algérien et ses institutions. «On a jamais eu un Etat en Algérie ! Ce sont plutôt des cliques ou des clans qui se disputent le pouvoir et s'érigent en faiseurs de riches avec de l'argent public.», a-t-il asséné. Comment peut-on sortir de cet état de fait ? Sur un ton nonchalant, Omar Aktouf tonne : «En ouvrant la possibilité à un Omar Aktouf de se présenter comme candidat aux présidentielles.» Plus sérieux, il se propose d'aider toute personne capable de concrétiser son discours. «Pourvu qu'on ne le déforme pas !», a-t-il exigé. Que dire si on le confie à un gouvernement de technocrates présidé par une personnalité nationale incontestée à l'image de l'ancien président Liamine Zeroual comme le revendiquent certains ? «Je ne vois pas ce que cela va apporter de plus si ce n'est du réchauffé ! Il faut qu'il y ait un projet de société !», a-t-il déclaré. Ce constat que beaucoup partagent en Algérie, y compris ceux qui ne sont pas d'accord, idéologiquement parlant, avec M. Aktouf, est, à ses yeux, à l'origine de blocage de bien d'initiatives à même de créer de la richesse, de l'emploi et de la prospérité. Le penseur attitré de HEC Montréal, déclaré en 2011 parmi les 75 personnalités les plus marquantes de l'histoire récente du Canada, lui, pense qu'ils doivent être plus engagés pour pouvoir influer sur le cours des choses. Que dites-vous à M. Issad Rebrab qui ne cesse de dénoncer le blocage de ses projets par l'Etat et qui a opté pour un développement à l'international ? «Battez-vous pour qu'il y ait un Etat d'abord avant de le lui reprocher ensuite !», a-t-il suggéré. Omar Aktouf qui s'identifie à la social-démocratie et qui a quitté l'Algérie non pas pour des raisons idéologiques mais, a-t-il précisé, «je suis critique et je n'admets pas que des choses peu orthodoxes se passent, chose qui n'était pas admise à l'époque», estime que les raisons de l'échec du modèle initié par le regretté Boumediène résident dans «l'incompétence ambiante et les interférences politiques dans la gestion économique notamment». Il milite justement pour une économie mondiale plus juste et plus solidaire et invite à reproduire le modèle allemand, copié avec succès en Scandinavie, au Japon et dans bien d'autres pays. «Il faut cesser de se référer aux consultants français et américains et se tourner un peu du côté de l'Asie, l'Allemagne et même l'Amérique latine», a-t-il recommandé. Quid du rôle de la diaspora ? «Il faut redonner confiance aux émigrés algériens parce qu'ils se sentent dégoûtés, écœurés. Il y avait un ministre algérien qui est allé jusqu'à nous culpabiliser en nous disant pourquoi vous ne participez pas au développement de votre pays qui vous a tant donné. Mais, allez regarder ce que font des pays comme la Chine, la Malaisie ou autres pour leurs émigrés. L'Algérie a arrêté d'attribuer des bourses aux étudiants algériens. Et c'est ridicule. Le Chinois quand il revient dans son pays, il trouve toutes les conditions qui lui permettent de contribuer au développement de son pays. Ce n'est pas le cas chez nous», a-t-il conclu.