Le président de l'Assemblée populaire nationale, Larbi Ould Khelifa, a reçu longuement, jeudi en fin d'après-midi, une délégation du Front de libération nationale conduite par le coordinateur du parti, Abderrahmane Belayat. «Nous nous sommes entendus sur tout», nous dira ce dernier, en allusion à la nouvelle composante proposée par le parti au titre de renouvellement des structures permanentes de l'APN. Kamel Amarni - Alger (Le Soir) - «M'ont accompagné à cette rencontre deux membres du bureau politique, à savoir Abdelhamid Si Affif et Abdelkader Mechebek, ainsi que Hadj Mohamed Lebyedh, en sa qualité de nouveau président du groupe parlementaire que nous avons désigné.» Le propos est de Abderrahmane Belayet, et le ton est ainsi donné. Il y a eu, pourtant, une sortie fracassante du président sortant, le député de Batna, Tahar Khaoua. Dans une déclaration fracassante à la télévision, ainsi qu'à travers un communiqué, ce dernier dit ne pas reconnaître les décisions de Belayet auquel il s'en prend vertement. «Il s'est imposé coordinateur du parti et s'empare indûment de prérogatives qui ne sont pas les siennes (...) Il répond à un agenda confectionné en dehors du parti, profitant en cela de l'absence du président de la République. Il m'en veut car, moi, depuis 2003, j'avais affirmé que je suis à comptabiliser avec Abdelaziz Bouteflika. Je suis d'ailleurs le seul à l'être dans la wilaya de Batna.» Serein et imperturbable comme toujours, Belayat tourne tout cela en dérision. «Il est avec Bouteflika ? Je viens de l'apprendre !» ironisera d'abord l'ancien ministre de l'Equipement sous Zeroual. «En tout cas, il ne peut pas être plus proche de Bouteflika que les gens avec qui j'ai pris cette décision. Je vous cite Si Affif, Mechebek, Amar Tou, Ziari, etc. Le seul parmi tout le bureau politique qui s'est clairement prononcé contre le mode de désignation préférant en cela recourir à l'élection est Tayeb Louh. Il m'a clairement dit que si jamais il y a réunion du bureau politique, il optera pour le mode d'élection s'agissant des membres du parti dans les structures de l'APN.» Très franc, Belayat poursuit : «Ziari, Tou et Harraoubia, je les ai consultés individuellement et je me suis déplacé dans leurs bureaux respectifs. Madani Baradai aussi. Habiba Bahlouli, qui est membre du BP et membre du Parlement africain, voulait être nommée vice-présidente de l'APN et nous a dit qu'elle refusait que la règle de non-cumul ne s'appliquait pas à elle. Abdelkader Zehali n'a pu être consulté pour la simple raison qu'il est occupé par l'hospitalisation de son fils. Allioui n'a pas été consulté parce qu'il est contre notre décision.» Ceci étant, notre interlocuteur tenait aussi à rappeler que la décision de procéder à des désignations, place et lieu des élections prévues il y a un mois, était prise suite à la demande formulée dans ce sens par «des dizaines et des dizaines de députés, outrés par les pratiques de ce groupuscule à la veille de ces mêmes élections». Djemaï, Tliba et Khaoua entre autres. «C'est le parti qui choisit à ces postes-là, pas l'APN. Et notre décision est prise et elle est irréversible bien sûr.» Le FLN, ajoutera encore Belayat, a procédé au changement des cinq vice-présidents de l'APN dont il ouvre droit et à six parmi les huit présidents de commissions permanentes qu'il dirige. «Nous avons reconduit deux présidents de commissions permanentes : celle des finances et de la santé.» Vieux dinosaure du parti, Belayat répond du tac au tac et à tout ! «Les députés contestataires ? Moi, je ne verse jamais dans l'invective. Et puis, ce genre d'outrance et d'excès, on le retrouve dans tous les pays. On me reproche aussi de faire dans le favoritisme. Il faut juste savoir que Hadj Lebyedh, par exemple, nommé chef de groupe parlementaire, a, à son actif, des décennies de militantisme au FLN et c'est quelqu'un qui avait mené la vie dure à l'ex-FIS sur le terrain.» Belayat tranche enfin : «Pour nous, l'affaire est classée. Nous avons désigné nos représentants dans les structures de l'APN.» Seule concession faite, toutefois : «A sa demande, et j'ai accepté d'ailleurs, car il est le président de l'Assemblée et aussi du parti, Ould Khelifa voulait juste différer l'installation des cinq vice-présidents pour la rentrée, pour éviter que la séance de clôture du Parlement (aujourd'hui samedi, ndlr) ne soit perturbée.» Larbi Ould Khelifa a, par ailleurs, reçu en début d'après-midi de jeudi dernier, les nouveaux désignés du FLN.