Tomber de rideau sur la 8e édition du Festival arabo africain des danses folkloriques de Tizi-Ouzou, qui a vu défiler durant cinq jours une quinzaine de troupes étrangères et une dizaine de formations du cru, venues de plusieurs wilayas du pays. Au total, ce sont près de quatre cents artistes qui se sont produits dans les salles de la maison de la culture et du théâtre Kateb-Yacine de Tizi-Ouzou et qui se sont déplacés pour l'animation de spectacles dans des villes de l'intérieur de la willaya. Dans leurs mots de clôture, Ould Ali L'Hadi, commissaire du festival, et M. Bouazgui, wali de Tizi-Ouzou, ont mis l'accent sur les valeurs de solidarité, de partage et d'échanges interculturels qui caractérisent une telle manifestation. «Vous êtes les ambassadeurs de la diversité», dira notamment le wali à l'adresse des délégations étrangères présentes à Tizi-Ouzou. Mais le fait saillant de cette cérémonie est l'hommage rendu à la troupe du Ballet national, à l'occasion du 51e anniversaire de sa création. Des distinctions ont été remises aux membres de la troupe par les organisateurs qui ont fait le même geste envers les membres de la troupe autrichienne qui a été l'invitée d'honneur de ce festival. Rencontrée en marge de la prestation de vendredi dernier de la troupe de son pays, Mme Aloisia Worgetter, ambassadrice d'Autriche en Algérie, évoquera sa joie d'accompagner la troupe de la région du Tyrol qui s'est produite à Tizi-Ouzou, «région, dira-t-elle, qui a beaucoup de ressemblance avec la Kabylie, en raison de son relief montagneux, de ses traditions et de ses richesses patrimoniales». S'agissant des spectacles, le public de Tizi-Ouzou a eu à apprécier les productions de nombreuses troupes étrangères, particulièrement celle du Liban qui a séduit par la qualité plastique des mouvements et des figures exécutées par les artistes. Mais notre coup de cœur a été pour les troupes de Tunisie et d'Autriche dont les prestations ont séduit le public du théâtre Kateb-Yacine. Des prestations tout en mouvements et en couleur, des rythmes et des sonorités qui ne laissent pas indifférent et invitent à se jeter dans la danse. Les artistes explorent une large palette du langage corporel, jouant de la mimique et de l'expression faciale, tout un corpus de signes et de gestes qui racontent la vie. Leur muse, la nature et leur terroir qui a donné corps à la geste fabuleuse transposée sur la scène et sur les plateaux du festival de Tizi-Ouzou. A travers une dizaine de chorégraphies, les danseurs de la troupe de l'Association des traditions tyroliennes, qui pratiquent la danse du shuhplatter (hommes qui tapent leurs chaussures et leurs cuisses), racontent des scènes de vie dans le massif forestier du Wilder Kaiser, une région aux paysages sublimes et vallées sauvages, située à l'ouest de l'Autriche. Les figures présentées mettent en scène tous les aspects de la vie quotidienne dans le Tyrol historique. Accompagnées à l'accordéon sur des notes du jodel traditionnel, les danses restituent des pans de vie de certains corps de métiers, en vogue dans cette région minière et forestière, comme les bûcherons montrés en train de couper et de tronçonner du bois sur scène, les mineurs, meuniers, les bergers dans leur mouvement de transhumance alpine. Charme, jeu, sensualité et humour sont des comportements sociaux inhérents à ces hommes des montagnes, savamment représentés à travers une palette de danses de figure ou de mœurs, alliant jeu de rôle, mimes et pantomimes, montrant des clins d'œil suggestifs, toute une gestuelle amoureuse et ludique des hommes en train de charmer et de faire la cour aux femmes. Des scènes où la bagarre et les rixes ne sont pas loin, comme le montre la danse de la jalousie. Une danse d'étoiles termine la prestation de la troupe du Tyrol, chaleureusement applaudie par le public qui a également été emballé par la prestation des danseurs tunisiens de la Troupe nationale des danses populaires. Al în (la source), les filles de Gabès, la danse du printemps, la danse des îles (Djerba), la danse des épées... Un florilège de dix tableaux et de créations chorégraphiques qui constituent une véritable palette de couleurs locales, baladant le regard du spectateur d'une région à une autre de la Tunisie rurale. Le tout magistralement exécuté par les danseurs et les danseuses qui rivalisent de souplesse et de pureté du geste dénué de toute fioriture. Un bel exemple de professionnalisme qui nous change de la gestuelle figée et des figures stéréotypées et redondantes immuablement exécutées par certaines troupes de danse du cru coincées dans un style et des choix chorégraphiques qui demandent à être dépoussiérés et renouvelés.