Une importante affaire de transfert illicite de capitaux vient d'être mise au jour au port de Béjaïa par les services des douanes. Elle concerne une vaste opération de surfacturation de marchandises d'importation destinées au marché local à laquelle des agences bancaires implantées dans l'Algérois, auraient participé en transgressant les règles liées aux mouvements de capitaux en devises au profit d'un réseau de malfaiteurs basé en Chine. Le montant du préjudice avoisine les sept millions de dollars américains, selon la direction des douanes de la capitale des Hammadites. Le pot aux roses a été découvert par les experts de la douane, il y a quelques semaines au port de Béjaïa, suite à un contrôle d'usage sur des conteneurs en provenance de Hong Kong, transportant 23 machines destinées à la fabrication de gobelets. La marchandise, selon nos informations, a été importée par cinq personnes, vraisemblablement à travers des registres du commerce utilisant des prête-noms. Les documents en question ont permis aux enquêteurs des douanes d'identifier les responsables de la fraude qui sont originaires de Blida, Médéa, Tipasa et Alger. L'étude de ces documents a ensuite permis de déceler le grand écart entre les déclarations de valeurs mentionnées dans les factures présentées aux services concernés au moment de l'opération du dédouanement de la marchandise chinoise et la valeur réelle de celle-ci. Le prix réel d'une machine, selon les services du contentieux des douanes de Béjaïa, ne dépasse pas les 13 000 dollars à l'achat, alors que sur la facture présentée, ce dernier est quarante fois supérieur, soit un montant net de 670 000 dollars l'unité. Le contentieux est de quelque 7 millions de dollars, soit 50 milliards de centimes (montant transféré vers les banques chinoises) de préjudice pour les banques nationales et de deux milliards de dinars d'amende pour les responsables de ce trafic poursuivis pour transfert illicite de capitaux. La totalité de la marchandise importée a été saisie. «La majoration de valeur consiste à gonfler la facture d'importation des marchandises, souvent avec la complicité du fournisseur, pour pouvoir transférer à l'étranger le différentiel entre le prix déclaré et le prix réel en devises de la marchandise importée», nous dira un expert au niveau des douanes de Béjaïa, avant d'ajouter que «cette infraction de change est souvent pratiquée dans les cas des exemptions de taxes ou de démantèlement tarifaire car la suppression ou la réduction des taxes incite les fraudeurs à majorer la valeur de leurs produits, alors que dans le cas d'un système tarifaire normal, ils ont tendance plutôt à minorer la valeur du produit pour échapper à des charges douanières supplémentaires». Les procédures de l'enquête sont en cours de finalisation. Les conclusions de celle-ci seront confiées, selon la Direction des douanes de Béjaïa, aux services compétents. Par ailleurs, les mêmes services des douanes du port ont procédé la semaine dernière à une impressionnante saisie de 5 000 téléphones portables de marque, dissimulés dans le coffre d'une voiture, immatriculée en France et dont le conducteur accompagné de son épouse enceinte, aurait tenté de franchir le circuit vert, instauré récemment dans le cadre des facilitations de passage destiné aux familles en pareille saison. Lundi dernier lors de la visite du secrétaire d'Etat chargé de l'émigration, les éléments de la douane ont mis la main sur un autre véhicule français de marque Peugeot 806, transportant plus de 200 pièces électroniques dont le montant avoisine, selon la Direction des douanes, les 4 millions de dinars.