Le mandat d'arrêt international lancé par la justice algérienne à l'encontre de l'ex-ministre de l'Energie Chakib Khelil, n'a pas provoqué l'effet attendu sur la classe politique nationale. Les différents partis contactés, n'ont pas manqué d'insinuer qu'une seule tête qui tombe ne saurait réparer l'injustice. Mehdi Mehenni - Alger (Le Soir) La nouvelle tombée ce lundi, concernant l'évolution de l'affaire Sonatrach II, est loin d'affoler la classe politique nationale. Le mandat d'arrêt international lancé par la justice algérienne à l'encontre de l'ex-ministre de l'Energie Chakib Khelil a plûtôt suscité d'autres réflexes chez les partis politiques. Les rares qui ont daigné réagir sur-le-champ ont plutôt été d'une réaction sereine et profonde. C'est le cas de Jil Jadid qui, à travers son président Sofiane Djilali, estime que «si la justice algérienne doit être saluée pour sa décision de lancer un mandat d'arrêt contre l'ancien ministre ainsi que ses proches. Il reste qu'elle lui a donné, à lui et à ses acolytes, tout le temps pour lui permettre de transférer tranquillement ses derniers avoirs mal acquis vers l'étranger, et de se mettre à l'abri des effets des poursuites judiciaires». Mais ce que le président de ce parti, Sofiane Djilali veut le plus comprendre c'est «comment Chakib Khelil a pu agir ainsi contre les intérêts nationaux pendant si longtemps et avec l'assurance de l'impunité». Pour cela, il ne fait pas l'économie des mots : «Les Algériens ont le droit de savoir qui le protégeait ?». Ce dernier ne manque également pas de rappeler que «d'autres affaires de corruption et de prédation sont par ailleurs toujours en suspens dans les tribunaux car touchant d'anciens ou actuels hauts responsables dans le gouvernement», ajoutant que lesdits dossiers «devraient être réactualisés pour conforter l'action judiciaire en cours». L'arbre qui cache la forêt ! De son côté le Mouvement pour la société et pour la paix (MSP), a émis des réserves. Son porte-parole Zineddine Tebbal qui estime que ce mandat d'arrêt est venu un peu en retard s'explique : «Nous espérons que ce nouvel épisode dans l'affaire Sonatrach II, ne soit pas l'arbre qui cache la forêt, car les Algériens ont eu écho de ses détails il y a déjà longtemps et il a fallu que la justice italienne ouvre le dossier pour que la partie algérienne se penche sur la question.» Ce dernier, insiste aussi sur la nécessité de ne pas perdre de vue les autres dossiers de corruption en suspens, tout en qualifiant d'incompréhensible le fait que le mis en cause ait pu exercer dans les plus hautes sphères de l'Etat. Mais ce qui est encore plus grave pour lui, c'est comment tous les services en charge de la sécurité économique ou autre du pays n'ont pas pris connaissance de ses agissements à temps, alors que l'Algérie risquait, à travers cette affaire de se retrouver brutalement dans la phase d'après-pétrole. C'est-à-dire à genoux. L'autre parti, le Front national algérien (FNA), a été plutôt catégorique. «C'est un leurre», lance Moussa Touati. Pour le président du FNA, l'histoire se répète et ce n'est ni plus ni moins, que l'affaire Khalifa bis. Aussi, pense-t-il, que ce mandat d'arrêt international permettra la clôture définitive du dossier Sonatrach II, et offrira en même temps à la justice algérienne une couverture bien confortable. Enfin, le Front de libération nationale (FLN), à travers la voix de son porte-parole Kassa Aïssi, se dit être contre la théorie de la responsabilité collective. «Chakib Khelil a agi seul», soutient-il. Il est à signaler que beaucoup de partis politiques n'ont pas jugé nécessaire de réagir sur la question, certains plus particulièrement sont restés injoignables de toute la journée, à l'exemple du Parti des travailleurs (PT), connu pour son acharnement habituel contre Chakib Khelil and Co.