On a l'impression, ces derniers mois, que la lutte contre les pilleurs de sable — extraction et revente illégale du sable des plages — s'est quelque peu relâchée dans la wilaya de Boumerdès. En tout cas à voir le bilan des activités des gendarmes de cette localité des 7 derniers mois de cette année, on constate que, fort heureusement, ce n'est pas le cas. Neuf pilleurs ont été arrêtés et six d'entre eux ont été placés sous mandat de dépôt. De plus, les gendarmes ont saisi et mis en fourrière durant cette période seize camions de grand tonnage et une grande quantité de sable. C'est un bilan mitigé par rapport aux dégâts causés, mais les services de sécurité continuent leur harcèlement contre ces criminels, les empêchant d'agir à leur guise. Il ne faut pas croire qu'en matière de lutte contre les pilleurs de sable que les gendarmes ont la tâche aisée. Souvent, ils ont à faire à de véritables despérados, certains, complètement camés, qui sont prêts à tout, même aux agressions, pour échapper aux contrôles routiers. Dans cette guerre contre le pillage et la destruction de l'environnement, les officiers de la gendarmerie déplorent l'inertie des autorités civiles. «Certains maires ne nous aident pas, même pas pour ériger des obstacles empêchant les pilleurs à circuler sur certaines pistes», déplore le colonel Attia, du groupement de Boumerdès lors d'un point de presse organisé pour présenter le bilan des activités des unités territoriales de Boumerdès. «Même si nous mettons des obstacles, les pilleurs ramènent de gros engins pour les détruire. Comment se fait-il qu'un pilleur puisse déplacer un bull sur un porte-char au vu et au su de tout le monde ?» s'inquiète le maire de Boudouaou El Bahri, Kaci Louriachi que nous avons contacté à ce sujet. Ce dernier a été, rappelons le, l'objet de plusieurs menaces de mort de la part de des pilleurs qui sévissent dans sa commune. Certaines voix n'hésitent pas, par ailleurs, à affirmer que bien des responsables à tous les niveaux, trouvent leurs comptes dans ce trafic autour duquel gravite une véritable maffia, disposant de moyens humains, des véhicules de transport et d'escorte ainsi que de réseaux et d'outils de communication. Il y a même quelques avocats véreux qui travaillent pour cette maffia. Quand on parle d'avocats véreux on imagine aisément la suite. On peut nous dire que les walis qui se sont succédé à la tête de l'exécutif de Boumerdès ont de tout temps dénoncé ce véritable massacre de l'environnement. Mais qui aurait empêché la direction qui s'occupe de la préservation de cet environnement de se porter partie civile lors des procès contre ces pilleurs ? Plus grave et ne l'oublions surtout pas, cette maffia du sable, a, à son tour, des ramifications avec les terroristes d'Aqmi. Il y a, en effet, une rente financière, nette d'impôts, se chiffrant à des centaines des milliards. L'axe central de cette maffia se trouve dans l'oued Sebaou, notamment dans sa partie supérieure dans le territoire de la wilaya de Tizi-Ouzou. Selon ce qui nous a été révélé par les gendarmes de Boumerdès, des exploitants dûment autorisés par la wilaya de Tizi-Ouzou, d'ailleurs on ne sait pas sur quelles bases cette autorité délivre des autorisations pour la destruction des richesses hydriques, agricoles et environnementales, se livrent à un trafic de bons d'enlèvements. «Souvent quand nous arrêtons des pilleurs, ils nous exhibent des bons d'enlèvements délivrés par l'une des carrières situées dans cette wilaya», affirme un officier supérieur. Dès lors nous ne pouvons que nous poser des questions : est-ce que tout le monde à tous les niveaux de responsabilités a comme souci l'application de la loi dans toute sa rigueur en matière de préservation du potentiel, touristique, agricole, hydrique et écologique de la wilaya de Boumerdès ?