Une fois de plus, les plages de Béjaïa ont relevé leur défi de l'été : accueillir 100 000 à 150 000 personnes par jour sur les 90 kilomètres de long, tout en restant un petit paradis de sable, de pinèdes et d'eau turquoise, n'est pas du tout une mince affaire. Le décor à l'approche de ces lieux de détente est regrettable par endroit et donne des nausées aux étrangers, qui, faut-il le souligner, sont venus en masse cette année dans la capitale des Hammadites. La bataille actuelle s'inscrit dans un combat long, qui dure depuis des années entre les plagistes et certains « estivants ». Egoïste, ils s'affairent à rentrer chez eux la nuit tombée sans se soucier des sachets et détritus qu'ils abandonnent sur les sables fins de la grande bleue. Les vacanciers ne remarqueront rien, pourtant, Béjaïa est en guerre contre tout un désordre qui nuit à son hospitalité d'antan et à sa nature touristique par excellence, en l'occurrence le banditisme, la criminalité, l'incivisme des uns et l'insalubrité des autres. Les plages bougiotes ont l'habitude d'accueillir des familles à cette période de l'année dans une parfaite communion, et chacune d'elles, ne jure que par un retour l'année d'après pour perpétuer la tradition de beaux souvenirs. De Tichy à Melbou sur la côte Est, le paysage est quasiment le même, les vastes plages sont prises d'assaut par des milliers de familles dès les premières lueurs de la matinée. Les services de sécurité dépêchés à l'occasion par les pouvoirs publics et les gérants occasionnels des lieux sont parfois dépassés par les essaims d'estivants. «croyez-moi, on ne s'attendait pas à un tel flux, nous sommes carrément dépassés et nous n'avons plus d'espaces où installer les familles, pas un parasol de libre à cette heure-ci (13h20 ce lundi 19 août), nous dira, Salah F, un plagiste d'El Maghra, relevant de la commune de Boukhelifa. Même constat à Aokas où certains restaurateurs se permettent même le «luxe» de renvoyer les clients faute de places. Pour les amoureux de la côte Ouest, là où le couple montagne-mer se conjugue en grandeur nature, il est pratiquement impossible vers les coups de 16h, de se frayer un chemin pour s'incruster dans les marées humaines qui investissent les plages de Boulimat, de Saket et de Tighremt. Pour préparer justement la riposte au mois de juillet qui a coincidé avec le Ramadhan, Mamou, le sympathique gérant du Thaïs à Tighremt, a converti le rêve en chiffres. Sur ses 46 chambres et bungalows de son auberge, pas un seul de libre, et ce, jusqu'au 14 septembre. «Tout a été réservé d'avance, nous sommes désolés pour nos clients qui ne cessent de nous appeler.» L'effet du mois sacré de Ramadhan a complètement chamboulé les prévisions de la saison. Notre devoir est de satisfaire nos locataires et nous y veillons jour et nuit pour leur sécurité et leur confort. Aux environs de 22h, c'est une autre effervescence qui s'empare des dizaines de familles qui se ruent sur les belles places de la grande terrasse de l'auberge, cette fois aussi bien pour les enfants que pour les parents, tout le monde se met à la cadence des différents rythmes musicaux qui s'enchaînent chaque soir, sous l'œil attentif et virevoltant de Da Mokhtar, le saint patron des lieux. Tighremt en tout cas, avec son lot de charme naturel, de rivalité et d'attirance, l'adversité ne fait que cause commune entre les investisseurs, et dévoile ainsi un peu plus de secrets sur les attractions. Pour peu, ces derniers oublieraient de scruter les nouveaux venus sur la plage du Thaïs, un concept branché venu d'ailleurs où de très jolies filles continuent, chacune à sa manière de défiler en bikini «made in» sur les galets du bleu azur pour certaines et en sirotant thé et rafraîchissants sur la terrasse de Chikirou, tout en dandinant sur la musique de Brel et de CloClo pour d'autres.