La marine libyenne a empêché lundi un pétrolier «d'entrer illégalement» dans le terminal d'al-Sedra dans l'est du pays, a indiqué l'état-major de l'armée, alors que le gouvernement accuse des gardes des installations pétrolières de chercher à détourner du brut. «Des vedettes de la marine libyenne ont intercepté et empêché un navire pétrolier naviguant dans les eaux territoriales libyennes d'entrer dans le port d'al-Sedra», a expliqué l'état-major de l'armée, cité par l'agence de presse Lana. «Le navire, qui porte le nom de Wael, a tenté à plusieurs reprises de pénétrer dans le port mais en a été empêché», a-t-il ajouté. Dans un communiqué, la marine libyenne a indiqué que ses unités procéderaient au contrôle des bateaux présents au large des terminaux pétroliers al-Sedra, Ras Lanouf et Brega (est). Le communiqué avertit que "les navires qui ne sont pas dûment liés par des contrats avec la Compagnie nationale de pétrole (NOC), seule autorisée à signer des contrats d'exportation de pétrole, seront interdits de charger du brut et seront sommés de partir». «En cas de refus d'obtempérer aux ordres, le navire sera pris d'assaut et conduit vers le port le plus proche», a ajouté la marine. Le gouvernement, en conflit ouvert avec un groupe de gardes des installations pétrolières qu'il accuse de chercher à détourner du brut, a menacé de faire usage de la force pour empêcher toute vente de pétrole qui ne passerait pas par les circuits officiels. Samedi, la NOC a indiqué qu'un groupe libyen armé était «en contact avec des concessionnaires sur le marché pétrolier international pour vendre du pétrole illégalement» et chercherait à écouler une cargaison de 700.000 barils. Les principaux terminaux pétroliers de la Libye sont affectés depuis fin juillet par des mouvements de protestation qui ont paralysé leur fonctionnement, faisant baisser drastiquement la production à moins de 330.000 barils par jour avant de remonter à 670.000 b/j. La production moyenne, hors période de conflit, s'établit autour de 1,5 à 1,6 million b/j. La production de pétrole représente plus de 80% du PIB de la Libye, et le Premier ministre Ali Zeidan a affirmé vendredi que la situation avait «entamé la crédibilité de la Libye sur le marché mondial du pétrole», dont les cours avaient été dopés par les événements en Egypte et par la chute de la production libyenne. «Certains clients se détournent de la Libye vers d'autres marchés pour s'approvisionner», a-t-il regretté.