Mort naturelle ou décès provoqué par une maltraitance ? C'est la question que se pose l'entourage du nourrisson de la pouponnière de Batna, décédé il y a 23 jours. Rym Nasri - Alger (Le Soir) - Agé d'à-peine 3 mois, le nourrisson décédé dans une pouponnière de Batna (précisément dans l'établissement spécialisé pour enfants assistés), était, assure une personne qui a tenu à garder l'anonymat, «en très bonne santé et ne présentait aucune maladie apparente». Pour cette même source, «trouver ce bébé mort dans son lit suscite beaucoup d'interrogations». Les faits remontent au 10 août dernier où, très tôt le matin, un nourrisson a été découvert inanimé dans son berceau par un agent de la pouponnière. L'enfant a été aussitôt évacué vers le CHU de Batna, où le médecin urgentiste a constaté que la mort remontait à quelques heures auparavant, précise la même source. «Le constat du médecin des urgences faisant planer des doutes sur la nature et les circonstances du décès, une autopsie a été aussitôt demandée», ajoute cette source. Alerté en premier, Mohamed-Cherif Zerguine, militant des droits de l'enfance, confirme que l'autopsie a été réalisée et que les prélèvements ont été transférés au laboratoire scientifique de Constantine pour «des analyses plus approfondies». Celles-ci ont-elles abouti à un résultat ? «Nos contacts affirment que la puéricultrice de nuit a l'habitude d'ajouter une substance dans le biberon pour faire dormir les enfants», fait remarquer Zerguine, perplexe. Il suspecte des négligences, voire de la maltraitance ayant entraîné le décès du bébé. Une mort qu'il impute à des agents polyvalents de l'établissement. D'après lui, ce n'est pas le premier décès suspect de ce genre puisque, il y en a eu six autres, un autre enfant âgé d'environ 6 mois, est mort dans des conditions également suspectes. Le militant des droits de l'enfance dénonce aussi la «passivité» du ministère de la Solidarité nationale dans la gestion de ce dossier. «Aucune inspection n'a été dépêchée sur les lieux et il n'y a eu aucune réaction de la tutelle, ce qui laisse le champ libre à toutes les interrogations», dit-il. A son avis, même informées, les instances concernées «préfèrent passer l'affaire sous silence pour ne pas attirer l'attention de l'opinion publique et en subir les conséquences éventuelles». Tout en demandant à ce que justice soit rendue à ces orphelins, Mohamed-Cherif Zerguine va plus loin : «Les responsables ne doivent pas rester impunis.» De son côté, le ministère de la Solidarité nationale dément toute mort suspecte. «Le nourrisson est tombé malade dans le centre (pouponnière) et a été transféré à l'hôpital où il est décédé. Quant à l'autopsie, elle est systématique», affirme-t-on. Une version corroborée par la Direction de l'action sociale (DAS) de Batna. Le chef de service, Ali Maâssissi, parle d'une hernie hiatale dont souffrait le bébé avant son admission. «Ce nourrisson était âgé de deux mois lors de son arrivée au centre exactement le 3 juillet dernier. Le 10 août, il a fait une très forte fièvre et a été évacué vers 4h30 au CHU de Batna où il est décédé. Nous n'avons pas encore les résultats de l'autopsie. Quant au rapport de la directrice de la pouponnière, le document atteste que tout était normal», explique le même chef de service.