Un point commun entre les cités de la ville de Skikda : la présence de carcasses de véhicules tous gabarits confondus. Semi-remorques, véhicules légers anciens modèles (Renault 4, La 403, la Fiat...), il y en a pour tous les goûts. Le phénomène est devenu si omniprésent que l'absence de châssis relèverait de l'anormal. Sans exagération aucune, leur existence est souvent antérieure à la construction du quartier, les occupants des lieux ne trouveraient donc rien à redire. Comme l'a si bien remarqué un habitant de la cité des allées du 20 Août-1955, commentant la disparition soudaine d'un camion qui occupait les lieux pendant des années, «ou est passé ce cher camion ? Vraiment il me manque, lui qui nous titillait la vue tous les jours». Ainsi, les carcasses se seraient dotées d'une certaine «légitimité historique» qui leur épargne d'être délogées pour quelque cause que ce soit. Dans la zone basse, constituée de quartiers populaires ayant été affectés pendant des années aux marchés hebdomadaires, on compte jusqu'à quatre modèles par cité. Les commerçants ont même trouvé la parade : utiliser ces derniers comme dépôt de marchandises, fruits et légumes, effets vestimentaires et même pain, farines et semoules. Des stands du pauvre alignés pour meubler le manque d'organisation et d'aménagement des espaces réservés aux marchés. Les rats et souris y ont trouvé refuge. C'est dire aussi que ce qu'on mange, notamment la baguette de pain cédée à 50 DA en temps de fêtes religieuses, n'est pas aussi exempt de microbes et autres virus. L'exemple le plus édifiant, on le trouve à la cité des Frères- Ayachi (la CIA : la Compagnie immobilière algérienne). Le délabré souk quotidien offre une image hideuse du fait de la prolifération des Estafettes et Zastavas (oui, elles existent encore) implantées depuis une décennie et servant d'abris les jours de pluie et de dépôt multifonctionnel. C'est dire que les atteintes à l'environnement et à la santé publique sont diversifiées. Les autorités compétentes se doivent de réagir prestement.