Pour les recteurs, directeurs et présidents de 22 établissements de l'enseignement supérieur au Maghreb, les perpétuelles évolutions que traverse le secteur, de même que les nouveaux défis qu'il impose, réclament, si l'on veut se projeter dans l'avenir, une réponse commune et une vision mutuelle basée sur la concertation et l'échanges des expériences entre ces établissements. En collaboration avec l'Agence universitaire de la francophonie (AUF), l'Université de Constantine 1 a accueilli, hier, la quatrième rencontre des présidents, recteurs et directeurs des grandes écoles et universités magrébines. Aussi, 22 responsables d'établissements d'enseignement supérieur issus de la Tunisie, du Maroc et de l'Algérie ont débattu du bien-fondé de «la création d'un espace de concertation maghrébin des recteurs et présidents des universités et des grandes écoles». L'idée pilotée par le bureau de l'AUF-Maghreb a pour objectif de mutualiser les efforts des uns et des autres en vue de sortir avec une vision commune permettant d'affronter les nouveaux défis de l'enseignement supérieur. Selon M. Abdellatif Miraoui, président de l'AUF, président de l'université Cadi Ayyad de Marrakech, «la création d'une conférence régionale vise à promouvoir les échanges entre les pays membres et notamment la promotion de la mobilité Sud - Sud des enseignants chercheurs ». Car, affirme le président de l'AUF, «l'évolution de l'enseignement supérieur nous impose d'avoir une réponse qui soit commune et mutualisée». Aussi, note-t-il encore, «on ne peut pas regarder le monde en train de se regrouper, de mutualiser ses moyens sans que le Maghreb puisse bouger». En ce sens, a estimé ce dernier, «il est question de savoir comment affronter les défis de l'enseignement supérieur au Maghreb». Et surtout, poursuit-il, «comment stimuler les relations entre les enseignants et les étudiants mais aussi comment promouvoir la gouvernance de ces établissements». Intervenant de son côté, Mme Cristina Robalo-Corderio, directrice du bureau Maghreb de l'Agence universitaire de la francophonie, a appelé les participants à réunir leurs efforts en vue de dégager une approche collective pouvant se traduire par la création d'un espace de réflexion commun à même de répondre aux attentes des uns et des autres. Et ceci, a-t-elle expliqué, «dans le respect des spécificités, la nature et l'individualité de chaque université et chaque pays». Abondant dans le même sens, M. Belatrech, recteur de UC2, tout en insistant sur «la nécessaire création d'un espace de l'enseignement supérieur maghrébin », «un espace synergique, pense-t-il, sans lequel celui-ci ne pourrait pas exister dans le proche futur», a mis l'accent sur la question des politiques nationales en matière d'enseignement supérieur. «On ne peut pas les surpasser (les politiques nationales) mais il n'y a pas de mal à faire du bien. Aussi, il faut aller vers les institutions pour l'accréditation des éventuelles stratégies de la conférence», a estimé ce dernier. Classement des universités maghrébines Interrogé à propos du dernier classement de Shanghai où les universités magrébines figurent au bas de l'échelle et peinent à émerger, Abdellatif Miraoui, président de l'AUF, dira que «le cahier des charges d'une université maghrébine n'est pas le même que celui d'une université française ou américaine». Selon lui, pour les universités maghrébines, «il s'agit notamment de pouvoir transmettre des formations à des jeunes» avec comme objectif premier, insiste-t-il, «assurer l'irrigation du monde socioéconomique». «On est dans un enseignement supérieur de masse où on doit répondre à des objectifs du pays tout en essayant de coller à la réalité socioéconomique. En fait, il y a le savoir mais la recherche d'un travail après le diplôme», a estimé ce dernier, tout en rappelant que ces structures ne sont pas dans «l'élitisme et si elles le sont c'est avec de faibles doses». Aussi, estime-t-il, «il va falloir se regrouper, discuter ensemble pour voir ce qui marche et ce qui ne marche pas. Et partant, de proposer des solutions à l'échelle du Maghreb parce qu'elles auront plus de sens», Car, affirme- t-il, «le regard multiple de plusieurs responsables permet d'adoucir ou plutôt d'accentuer une réforme. Aussi, il est question d'échanger, préparer une stratégie commune et puis une réforme».