Les leçons à réviser et les devoirs à faire à la maison font partie intégrante du processus d'instruction de l'élève. La problématique qui se pose est le rôle des parents dans ce processus. Faut-il qu'ils s'y impliquent totalement ? Doivent-ils remplacer l'enseignant à la maison ? Et surtout quelle est la vision des parents vis-à-vis de cette approche ? Nous avons posé cette question à des pères et mères d'enfants scolarisés ou pas pour connaître leur avis. Les opinions sont partagées. Houria, maman de trois enfants, cadre indépendant : «J'ai dépassé le stade des devoirs et je prépare les leçons » A la question de savoir si Houria, en tant que maman d'un enfant scolarisé, est pour ou contre les devoirs scolaires à la maison, la réponse est immédiate. «Le suivi scolaire de l'enfant est important. Compte tenu du niveau actuel à l'école, je suis pour les devoirs scolaires. Je suis mon enfant dès le premier jour», explique-t-elle, ajoutant : «Je peux dire même plus, je ne me contente plus de réviser les leçons ou de l'aider à faire ses devoirs. Je me sens maintenant obligée de lui préparer la leçon. De cette façon, il peut assimiler le cours le lendemain pour ne pas être à la traîne.» Interrogée sur les raisons de cette décision, Houria dira : «C'est simple, j'ai pu constater dès sa deuxième année de scolarisation que son enseignante ne faisait pas d'efforts avec les élèves qui n'assimilaient pas rapidement. Elle ne prenait pas la peine de faire le tour des tables. A titre d'exemple, lorsqu'elle posait une question relative à la leçon, elle n'interrogeait que les mêmes élèves car étant sûre qu'ils ont, soit compris, soit préparé la leçon. Je préfère donc sacrifier encore plus de mon temps et m'impliquer pour pouvoir suivre mon fils. Bref, c'est notre système éducatif avec ses carences qui nous y obligent». Yasmine, avocate, maman de deux enfants : «Je suis contre les devoirs à la maison» A l'énoncé de notre question, Yasmine, jeune maman répond sans hésitation : «Je suis contre les devoirs à la maison.» Elle explique sa position : «Il faut laisser du temps libre à l'enfant. Je pense que lorsqu'il sort de sa classe, il a le droit de s'amuser, pratiquer un sport ou s'adonner à un loisir.» Pour Yasmine, le schéma actuel répond à un besoin de «bourrer le temps des enfants. «Lorsque je rencontre des mamans d'enfants scolarisés, j'ai l'impression de me retrouver en face d'automates. Leur souci majeur est de donner l'illusion de suivre à fond la scolarisation de leurs enfants. Ils se donnent bonne conscience.» Ghania, maman de six enfants, mère au foyer : «Je suis mitigée sur la question» Par expérience, Ghania est sceptique dans sa réponse. «S'agissant de mes enfants, il y a ceux qui doivent faire des devoirs à la maison. Ils en ont besoin car ils ne peuvent pas suivre facilement les cours en classe, et j'ai l'impression que cela les rassure », explique-t-elle. Et d'enchaîner : «Pour d'autres, il est pratiquement impossible de les faire travailler à la maison. Ils ont besoin de se dépenser en jouant ou en pratiquant du sport. Je pense que cela dépend du caractère de chaque enfant. Chacun a sa propre personnalité, son caractère, sa particularité et réagit différemment vis-à-vis de sa scolarité.» Quant à sa relation avec les devoirs, cette maman explique que c'est le seul lien qui l'unit avec leur établissement. «Je suis tellement dépassée par mes tâches ménagères et je me dis que s'il n'y avait pas les devoirs, je ne saurais pas où ils en sont». Zoulikha, enseignante dans un établissement de formation professionnelle, maman de trois enfants : «C'est une question de responsabilisation » Pour Zoulikha, le suivi par les devoirs est primordial : «C'est simple, si je ne suis pas mon fils tous les soirs à travers ses devoirs, il ne fera rien. Je suis obligée de le faire travailler au minimum une demi-heure par jour.» Elle espère que de cette Amina, jeune mariée, cadre dans une entreprise privée : «Les programmes scolaires sont déjà surchargés» Amina est d'avis à annuler les devoirs à la maison. «Je vois comment mes neveux et leurs parents s'échinent à les aider à faire leurs devoirs. J'ai pu constater que les programmes scolaires sont déjà surchargés. A peine sortis de l'école, ils doivent s'y remettre à la maison avec leurs devoirs et apprendre les leçons par cœur. Je pense que c'est trop. Cela aboutit à un surmenage». Nadia, maman de trois enfants : «C'est une source de stress supplémentaire» Nadia est révoltée de voir ses pauvres chérubins à la tâche comme des forçats . «Je suis franchement contre. Si j'avais la possibilité de les supprimer, je le ferais sans réfléchir une seconde. Pour moi, il s'agit d'une autre source de stress. Je ne les vois absolument pas comme un partage. » Pour Nadia, les devoirs à surveiller sont parfois «une source d'énervement. Après une journée de travail, je suis fatiguée et irritée avec en plus les tâches ménagères. Quand je ne les aide pas à les faire, la seule question récurrente que je pose à mes enfants est : «Avez-vous fait vos devoirs ? A la fin, c'est lassant et usant.»