Les souffrances du citoyen face à l'administration sont à l'origine de l'émergence de niches de corruption, selon le Premier ministre. Dans son allocution, lors de la cérémonie d'installation du ministre auprès du Premier ministre chargé de la Réforme du service public, M. Sellal a estimé que la réussite de l'Etat dans ses missions était «tributaire de la facilitation des conditions de vie du citoyen dans son environnement», notamment de la part de l'administration qui continue de poser des problèmes au citoyen. «En dépit des mesures adoptées pour alléger les procédures administratives, nous n'avons pas encore atteint l'objectif escompté», a-t-il dit, soulignant que cette situation a favorisé l'émergence de «niches de corruption» dont la lutte exige la «transparence dans l'action» comme unique remède. La création de ce nouveau ministère chargé de réformer le service public traduit «l'intérêt majeur» qu'accorde le gouvernement à l'amélioration de la relation entre le citoyen et l'administration. «Cette mission requiert de l'intelligence, de l'expérience et de la volonté», a-t-il affirmé. Pour le Premier ministre, il est inconcevable, en 2013, de continuer de gérer l'administration avec des procédés archaïques dans un pays comme l'Algérie qui dispose pourtant d'importantes ressources humaines et financières.» Il a ajouté que l'obstination de l'administration à s'imposer de la sorte est «une erreur». `A ce propos, il a cité plusieurs exemples concernant notamment la multitude de documents demandés aux citoyens pour la constitution d'un dossier relatif à un projet donné ou au permis de conduire ou encore pour passer un concours. «Certes, la mission n'est pas facile, mais il est impératif d'alléger ces procédures au profit du citoyen», a-t-il insisté. Faciles à identifier, mais veut-on réellement les dénicher ? Les tracasseries des citoyens face à une administration de plus en plus bureaucratique ne cessent d'augmenter, faisant le lit de la corruption et multipliant les «niches» évoquées par le Premier ministre. Si ces niches sont facilement repérables et identifiables, veut-on réellement les «dénicher» et les rendre hors d'état de nuire ? Les citoyens victimes de ces «niches» se posent souvent la question : pourquoi votre rue est-elle pleine de nids-de-poule depuis des années alors que dans le quartier d'à-côté, celui où vit le président d'APC, les chaussées sont refaites chaque année ? Comment se fait-il que vos enfants soient sur la liste d'attente de la meilleure école du quartier, alors que ceux de votre voisin enseignant y ont été admis immédiatement ? Qui, en définitive, paie vraiment le prix de la corruption ? La vie n'est peut-être pas juste, mais nous avons tous besoin de croire que les règles qui gouvernent nos vies le sont et que la corruption pourra être éradiquée. Cela revient à assurer que l'esprit, et non uniquement la lettre, de la loi est bien respecté et que nos sociétés sont régies par un ensemble correct de règles et de réglementations. S'attaquer à la corruption et aux abus est essentiel pour rétablir la confiance de tous et sortir de la crise économique actuelle. Pourtant, il ne suffit pas qu'il y ait des règles en soit : pour qu'elles aient un sens, il faut aussi qu'elles permettent d'aborder la question correctement et il faut surtout qu'elles soient appliquées. Dans le secteur public, la corruption est synonyme de médiocrité des services publics tandis que dans le secteur privé, le coût est répercuté sur les consommateurs qui finissent par payer plus cher les biens et les services qu'ils acquièrent. Une chose est sûre : pour rétablir la confiance, il faut mettre en place des règles claires et les faire respecter. Et une confiance rétablie est le gage de politiques meilleures pour une vie meilleure. En attendant, les niches de la corruption continueront à être peuplées de «chiens» prédateurs qui ne cesseront de se reproduire.