Le secteur de la santé va mal, voire très mal. Voici un constat à propos duquel il est laborieux de mettre la main sur deux Algériens qui divergeront. Mais de là à ce que ce soit le premier responsable du secteur qui en fait l'aveu, c'est qu'à défaut de pouvoir prodiguer des soins, nos enceintes sanitaires sont dans le besoin pressant de se faire elles-mêmes ausculter tant les citoyens sont «nostalgiques» des soins des années 1970, meilleurs que ceux de ces dernières années en dépit des efforts consentis, de l'avis même du ministre. Mohamed Kebci - Alger (Le Soir) C'est à ce difficile mais salvateur et méritoire exercice que s'est livré le ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière. Abdelaziz Ziari a, en effet, mis à profit une rencontre, hier, avec les gestionnaires du secteur, pour vider son sac en établissant un diagnostic sans complaisance non sans, en professeur de médecine qu'il est, prescrire son ordonnance. Celle-ci, sous forme de feuille de route, qu'il a déclinée à l'occasion, n'a fait l'économie d'aucun aspect du mal profond qui gangrène un secteur aussi sensible que névralgique que celui de la santé. Un constat qui fait ressortir une mauvaise gestion et un laisser-aller qui doivent, selon lui, «prendre fin». «Il est temps de se ressaisir dans le seul et unique intérêt du patient et donc du citoyen», assènera-t-il, et ce, précisera-t-il «dans le strict respect des lois et de la réglementation en vigueur, en respectant les attributions des uns et des autres». Et d'inviter dans ce sillage, les présents d'appliquer leurs prérogatives qui sont «claires de la manière la plus simple», poursuivra-t-il, non sans s'interroger sur le fait que des «gestionnaires s'en remettent à la centrale pour l'application de cette même réglementation». «Les citoyens implorent le Tout-Puissant pour ne pas tomber malades de nuit ou durant les week-ends tant les services des urgences laissent à désirer», tonnera le ministre comme pour donner le la à son réquisitoire qu'il entamera par l'urgence de réhabiliter les «urgences», cette pierre angulaire du système de santé de tout pays, mettant le doigt sur la «classification hasardeuse» des établissements hospitaliers des chefs-lieux de wilaya. Réhabiliter la fonction hospitalière du pharmacien qui est la cheville ouvrière de toute enceinte hospitalière constitue aussi un des axes de cette feuille de route avec la création prochaine d'une pharmacie centrale au niveau de chaque hôpital dont le premier responsable aura pour missions de stocker, de distribuer les médicaments à travers les services et de prévoir aussi les manques. «Les textes réglementaires y afférents sont élaborés», dira-t-il, tout en regrettant la disparité en matière justement d'approvisionnement des établissements de santé en médicaments. «Il est regrettable de constater que le sulfate de protamine soit distribué en quantités identiques à un hôpital comme antidotes et un autre spécialisé en chirurgie cardio-vasculaire.» Ziari plaidera pour un approvisionneront autonome total s'il le faut, bien entendu, car, poursuivra-t-il, «l'essentiel étant l'efficacité», insistant sur la réactivation des comités de médicaments au niveau des wilayas. Toujours au chapitre des médicaments, Ziari ordonnera l'ouverture dans chaque hôpital de chef-lieu de wilaya d'une unité d'oncologie, d'un laboratoire d'anapath et d'un autre d'immunologie. Ceci non sans exhorter les directeurs d'hôpitaux à consacrer des budgets spéciaux allant de 30% à 50% du budget global aux médicaments anti-cancer. Autre «tare» du secteur, celle des ressources humaines que le ministre n'hésitera pas à qualifier tout simplement de «foire». Allusion évidente aux recrutements de complaisance effectués ici et là, notamment des spécialistes tant la procédure a été décentralisée. «Nous n'avons pas vocation à lutter contre le chômage», assènera Ziari qui fera part de disparités criantes. Et au ministre de proposer l'antidote à ce mal avec la nécessité, dira-t-il, de «normaliser les structures du secteur avec des organigrammes clairs et précis». Autres «prescriptions» de Ziari, l'installation prochaine de sous-direction des activités infirmières dans chaque hôpital tant sa conviction quant à la réhabilitation vitale est chevillée du fait qu'elle constitue «la cheville ouvrière de l'acte médical».Et pas que cet «impératif» de doter chaque hôpital d'un règlement intérieur à même de faire face au phénomène de l'absentéisme érigé en «règle». Il invitera les gestionnaires à faire preuve de fermeté, toujours dans le strict respect des prérogatives et des devoirs de tout un chacun. Mettant l'accent sur un autre phénomène, celui de l'hygiène qui laisse à désirer, le ministre donnera en exemple un petit hôpital qu'il a visité au Nicaragua dont il a été impressionné par la propreté et l'hygiène comme pour signifier que cela ne suppose pourtant pas de grands moyens. «Pourtant, ça ne nécessite pas de gros moyens ni même de technologie de pointe», ironisera-t-il, non sans donner ordre pour l'acquisition exclusive de banaliseurs à la place des incinérateurs pour le traitement des déchets hospitaliers. L'ancien président de l'APN n'omettra pas de mettre une fois de plus le doigt sur l'accueil des malades qui laisse à désirer ou encore la nécessité pour le secteur, à travers ses nombreux démembrements aux quatre coins du pays, de se mettre au diapason des nouvelles technologies de l'information et de la communication en usant de l'internet et de l'intranet aussi bien pour la formation du personnel que la gestion des établissements de santé.