Décédé il y a trois jours des suites d'une longue maladie et après un court séjour à l'hôpital d'Azazga, Mohand-Saïd Ziad a été accompagné à sa dernière demeure, au petit cimetière familial de Djemaâ Saharidj, accompagné par une foule immense et de nombreux journalistes. Avec la mort de l'auteur de la célèbre chronique hebdomadaire, au titre évocateur et pleine de poésie «Le jardin de Mohand Saïd Ziad , qu'il signait chaque jeudi sur les pages du mythique Algérie Actualité, le journalisme algérien vient de perdre l'une de ses figures les plus emblématiques. Grand amoureux des fleurs et de la nature, humaniste convaincu et généreux, Mohand-Saïd Ziad incarnait avec d'autres figures connues de sa génération comme Kateb Yacine, le peintre Mohamed Issiakhem, Malek Haddad et bien d'autres, une certaine idée du journalisme, un métier pour l'exercice duquel il mettait la même passion et le même soin qu'il mettait à la culture de son jardin, un véritable sanctuaire d'essences, de plantes et de fleurs de toutes sortes, situé juste à côté de la maison familiale, à Djemaâ Saharidj où il a passé le plus clair de sa vie. Omar Belhouchet, journaliste et directeur du quotidien El Watan, témoignera des grandes qualités humaines de M. S. Ziad. «C'était un homme qui portait des valeurs de liberté ; ses amis étaient Kateb Yacine, Issiakhem… mais pas les gens du Conseil de la révolution ou ceux de la sécurité militaire qui l'ont jeté on ne sait où, pendant une semaine. Ses jeunes confrères, il les couvait, leur parlait avec tendresse, et auxquels, qualité rare dans le milieu de la presse, il prodiguait ses précieux conseils», dira Omar Belhouchet pour qui M. S. Ziad symbolisait un journalisme de combat et d'engagement. Il a laissé un héritage inestimable pour le journalisme algérien ; son style pétri de qualités doit inspirer et servir d'exemple.» Ayant, lui aussi, approché le défunt, le journaliste Sadek Aït Hamouda témoignera de «la marginalisation», dont a été victime M. S. Ziad, suite à l'ouverture du champ médiatique, au début des années 1990. L'homme qui s'était astreint à vivre presque une réclusion solitaire dans son village natal, au milieu de ses fleurs auxquelles il n'a jamais cessé d'apporter un amour presque charnel témoignera sa nièce Fatima, restera, tel qu'en lui-même, fidèle à l'art de vivre qu'il a toujours cultivé : épicurien, libertaire, aimant la vie.