La visite de John Kerry, secrétaire d'Etat américain, a fait naître moult réactions sur la toile. Toutes hostiles et méfiantes, face à cette visite qui intervient en pleine campagne électorale des plus tendues dans le pays. La venue de John Kerry est, de manière générale, interprétée comme étant une caution au processus de maintien du pouvoir et l'occasion pour les Américains de négocier «les sous-sols algériens et marocains» dans un contexte politique et social fragilisé. Saadia Gacem - Alger (Le Soir) John Kerry co-présidera à Alger le «dialogue stratégique», lancé en 2012 «sur une volonté commune de trouver des opportunités pour, non seulement renforcer la coopération entre les deux pays, mais aussi, chercher de nouvelles pistes de collaboration dans les domaines politique, sécuritaire, économique, éducatif et culturel» avec le ministre des Affaires étrangères algérien Ramtane Lamamra. Une rencontre identique aura lieu au Maroc quelques jours plus tard. Cette visite intervient alors que les relations entre Rabat et Alger sont toujours tendues au sujet du Sahara occidental, et en pleine campagne électorale pour la présidentielle du 17 avril en Algérie. Aux Etats-Unis, ce sont plus de 500 Algériens rassemblés au sein de l'«Algerian Democratic Initative» (né suite aux manifestations dans plusieurs Etats des Etats-Unis d'Algériens, le 22 mars, de San Francisco à l'United Nations Plazza, à New York, contre le mandat, qui ont interpellé le secrétaire d'Etat en lui adressant un courrier. «Nous, communauté des Algériennes et Algériens aux Etats-Unis d'Amérique et amis de l'Algérie, vous appelons à soutenir le processus démocratique en Algérie en évitant que votre visite prochaine en Algérie ne soit exploitée par la campagne politique du président Bouteflika aux fins de légitimer et de cautionner sa réélection pour un quatrième mandat présidentiel.» Cette missive a été envoyée plusieurs centaines de fois au State Department et une pétition en anglais a été mise en ligne également. Un autre appel à des rassemblements à travers les Etats-Unis a été lancé pour aujourd'hui, avec comme slogan «Non à l'appui des Etats-Unis à Bouteflika.» En ce qui concerne les autres réactions sur la toile, les internautes sont tous d'accord pour écrire que le secrétaire d'Etat est bien évidemment venu dans le but de négocier «les sous-sols algériens et marocains» ensuite, «l'Oncle Sam est venu voter (plutôt voler en Algérie) afin de choisir son candidat. Ce sera celui qui offrira le plus de sous-sols algériens aux Américains. Quant aux droits de l'Homme et tutti canti, on verra plus tard, lorsqu'il y aura plus de pétrole». Un autre internaute ajoute : «Les Américains se contrefichent royalement des revendications démocratiques économiques ou sociales de tous ces pays, qu'ils soient arabes ou africains : ce qui compte pour eux ce sont les intérêts américains. Et le reste : les droits de l'Homme, la liberté d'expression ou la cause des Sahraouis, c'est le dernier des derniers de leur souci. Et Dieu bénisse l'Amérique !» D'autres appellent à des rassemblements devant l'ambassade des Etats-Unis à Alger afin de manifester leurs désaccords face à cette visite, «une action devant l'ambassade américaine à Alger s'impose pour exprimer le refus catégorique du peuple algérien au soutien qu'apportent les lobbys américains au pouvoir corrompu en place. Pour leur dire, une fois pour toutes, que le peuple algérien est réveillé. Je suis persuadé que la coordination nationale pour le boycott et toutes les personnalités de l'opposition ont envisagé une action dans ce sens.»