La décision du comité exécutif de la CAF de ne pas répondre positivement à la candidature algérienne pour la tenue des CAN 2019 et 2021 est-elle une bonne ou une mauvaise nouvelle pour le football algérien qui se croyait au sommet dès lors que l'EN A, formée exclusivement des joueurs nés et élevés en Europe, a frôlé l'exploit lors du dernier Mondial-2014, au Brésil ? La «gifle» reçue samedi après-midi à Addis-Abeba pourrait, en effet, s'avérer salutaire pour le sport-roi en Algérie gangréné par une foultitude de scandales dont les récentes fracassantes révélations de l'arbitre-assistant international, Mahmoud Mounir Bitam. Ne pas accueillir une phase finale de la Coupe d'Afrique des nations (la dernière fois que l'Algérie a abrité un tournoi final remonte à 1990) n'est qu'un nouveau signal qui vient confirmer la déliquescente situation de la pratique sportive (pas spécialement le football) en Algérie où le secteur des sports est un chantier ouvert depuis que l'Etat avait signifié aux clubs et autres fédérations son désengagement progressif. Outre le retrait des principales entreprises nationales qui finançaient les associations, les pouvoirs publics ont complètement délaissé et abandonné leur mission de principal maître d'ouvrage des infrastructures de base (stades et salles de compétition et d'entraînements) et ont mis sur la touche le rôle de prospection au niveau des secteurs de l'éducation (sport scolaire et universitaire) et militaire, autrefois pourvoyeurs exclusifs des champions. Cet abandon à grande échelle s'est répercuté sur l'ensemble de l'activité du sport en Algérie. Même la formation prodiguée aux chercheurs et aux universitaires de l'ex-ISTS a fait l'objet d'un inexplicable désintéressement. L'institut des sciences et technologies des sports si «productif» en techniciens (entraîneurs et conseillers) de qualité semble ne plus être en mesure d'offrir ces contingents d'étudiants capables d'assurer la relève des Noureddine Saâdi, Mustapha Aksouh et autre Boualem Charef et d'assumer leurs missions au sein des clubs et associations confiés, pour la plupart, à des apprentis-sorciers sinon à quelques coopérants-aventuriers dont le seul objectif est de fuir le chômage de leurs pays d'origine. Un «sevrage» d'ordre politique Des causes assez valables qui ont reçu la réponse qu'il fallait de la part des membres de l'exécutif de la CAF. Il ne faut surtout pas croire que l'Algérie a perdu l'organisation d'une des deux CAN (2019 et 2021) à cause de l'affaire Ebossé, du nom du footballeur camerounais de la JS Kabylie, mort des suites d'un banal mais mortel incident survenu lors d'un match de championnat national. S'il est vrai que la sécurité est un chapitre hautement important dans le choix des instances internationales, les exemples de pays à risques qui ont obtenu l'organisation des compétitions internationales sont légion. L'Angola n'a-t-elle pas brillamment organisé la CAN-2010 alors que l'enclave de Cabinda constituait un réel danger pour les participants et hôtes des Angolais. La sélection du Togo a subi des pertes humaines avant son entrée en lice dans le tournoi et, malgré ce grand précédent, les matches du premier tour et les quarts de finale (Côte d'Ivoire-Algérie) ont eu lieu sans que la CAF d'Issa Hayatou ne trouve à redire. Il est ridicule, en somme, de réduire la «sanction» de l'instance africaine réservée à la double candidature algérienne au seul volet sécuritaire. Les VIP de la CAF ont plus jugé le dossier algérien, timidement appuyé par les autorités algériennes, sur le plan du «confort» (le leur d'abord). Nos stades, nos routes (pompeusement appelées autoroutes), nos aéroports et tout ce qui peut offrir des conditions optimales aux Sir de la Confédération africaine n'ont que le nom tellement ces infrastructures souffrent de la comparaison avec les standards internationaux que, et c'est là où les Algériens affichent leur honte, le Cameroun, la Côte d'Ivoire ou la Guinée n'en disposent point. Un éternel «bouche-trou»... Ecartée de l'organisation des 32e et 33e édition de la CAN, l'Algérie peut-elle honorablement se refaire une virginité en présentant sa candidature à l'organisation de l'édition de 2017 confiée préalablement à la Libye ? Si elle est incapable de réunir les conditions de réussite aux éditions de 2019 et 2021, l'Algérie, pays des miracles, osera-t-elle se lancer dans une bataille pour laquelle d'autres pays, à l'exemple de l'Egypte et le Ghana, sont engagés ? Un autre camouflet, une autre gifle, n'est pas à écarter tant le «dossier» algérien est d'une déconcertante légèreté. Les mêmes causes produisant les mêmes effets, il est préférable que la FAF, dont le président semble essoufflé à telle enseigne qu'il compte abandonner toutes ses charges dans les instances (régionale, continentale et internationale), opte pour une stratégie portée sur le long terme. Sur les plans de la restructuration et de la formation. Ce serait plus intelligent et plus profitable aux futures générations de footballeurs, entraîneurs, arbitres et autres instructeurs. Jouer le «bouche-trou» ne fera qu'aggraver le cas d'un football algérien au sein duquel tout le monde crie famine.