Alors que de nombreuses études depuis dix ans tentent de démontrer que les femmes sont garantes de la démocratie et de la lutte contre la corruption, deux chercheurs viennent d'affirmer que, dans un contexte de corruption généralisée, il n'y aurait plus de différence entre les sexes. Selon eux, les femmes participeraient volontiers à la corruption... si celle-ci était tolérée. Explications. Y a-t-il des différences entre les sexes... face à la corruption ? Depuis une dizaine d'années, de nombreuses études ont prouvé que la corruption avait bien un sexe, et que ce sexe était assurément masculin ! En 2007, un sondage de l'institut CSA, réalisé en France, en Allemagne, en Italie et aux Etats-Unis, réalisé à l'occasion du Forum des femmes pour l'économie et la société, montrait en effet que «70% des Français, 60% des Italiens et 59% des Nord-Américains interrogés estiment qu'il y aurait moins de corruption si les femmes avaient davantage accès à des postes à responsabilités.» Des avis qui confirment deux études sorties en 2001, qui avaient démontré qu'il y avait une corrélation entre la proportion de femmes dans une législature et l'indice de corruption d'un pays. «Il y a une parité face à la corruption» Et si la vérité était bien plus complexe que cela ? Christine Lagarde, l'ex-ministre française des Finances, avait notamment déclaré que «si on trouvait davantage de femmes à des postes à responsabilités, il y aurait peut-être un peu plus de femmes corrompues, mais sans doute beaucoup moins de corruption globalement.» C'est la théorie défendue par Justin Esarey et Gina Chirillo, deux chercheurs en sciences politiques à l'université Rice de Houston aux USA, qui viennent de publier un article académique sur «le mythe de la gent féminine pure.» Certes, selon eux, «dans un pays où la corruption est stigmatisée, les femmes tolèreront moins la corruption et ont moins de chances d'être corrompues que les hommes.» Mais, ajoutent-ils, «si les comportements corrompus font partie intégrante de la gouvernance défendue par les institutions politiques, il y a une parité face à la corruption.» «Les pots-de-vin, le favoritisme, poursuivent les auteurs de l'article, sont souvent des caractéristiques des opérations normales dans les gouvernements autocratiques et ne sont pas vus comme de la corruption; nous avons trouvé un lien faible ou inexistant entre le sexe et la corruption dans ce contexte. Nous avons trouvé un lien bien plus fort dans les démocraties, où la corruption est généralement plus stigmatisée.» La corruption n'aurait donc pas de sexe, selon Justin Esarey et Gina Chirillo. Les deux chercheurs en sciences politiques en sont certains : «Les femmes participeraient volontiers à la corruption, au népotisme et aux autres pratiques de corruption si ces pratiques étaient socialement et politiquement admises.» Une étude a d'ailleurs récemment montré qu'aux Etats-Unis et au Burkina Faso, une femme avait la même probabilité d'accepter des pots-de-vin qu'un homme... à condition que l'opération reste secrète !