La déclaration a de quoi mettre en colère les hommes au képi vert, tant elle réduit à néant l'effort de communication du MDN à propos des changements intervenus au sein du DRS. Elle est signée Amar Saïdani et elle est massue : Bouteflika a décidé de réduire de l'influence du DRS, a-t-il confié, jeudi, à l'agence Reuters. Sofiane Aït Iflis - Alger (Le Soir) Après avoir annoncé la tenue d'un Conseil des ministres, invité le Premier ministre Abdelmalek Sellal à se suffire de l'accomplissement de ses tâches technocratiques, le secrétaire général du FLN a surpris ce jeudi par «une explication de texte» osée, s'agissant des changements opérés par Bouteflika au sein du puissant service de renseignement, DRS. Il n'est pas pensable que Saïdani ait commis, ce faisant, un péché de novice, ses antécédentes déclarations ne lui ayant pas valu quelques admonestations de la part du chef de l'Etat. Amar Saïdani a révélé, jeudi, sans hésitation aucune, la relation agitée entre la présidence de la République et le DRS, confirmant, du coup, les nombreux commentaires des observateurs quant à la volonté de Bouteflika de démembrer les services de renseignement. Selon Saïdani, Bouteflika s'est attelé à évacuer de la scène politique ceux qu'il a désignés par «faiseurs de rois». «Le DRS continuera à jouer son rôle mais ne sera plus impliqué dans la vie politique, dans les partis, les médias et la justice», a-t-il soutenu. Notons que c'est pour la première fois qu'un chef de parti politique partie prenante du pouvoir reconnaît publiquement que le DRS était impliqué dans les partis, les médias et la justice. L'affirmation corrobore certes ce qui était connu de tous mais, œuvre de Saïdani, elle prend les allures d'un aveu officiel, aussi de ce que la justice était sous l'influence du DRS et, donc, d'autres centres de décision également. Le secrétaire général du FLN a révélé, par ailleurs, que la prochaine révision de la Constitution prendra en charge la question des prérogatives et rôles respectifs du service de renseignement et de l'armée. «Le temps des faiseurs de rois est terminé parce que l'objectif de Bouteflika est de bâtir un Etat civil.» Vers la fin de l'été, le Président Bouteflika avait entamé, en effet, de profondes restructurations au sein du DRS. Certains des pouvoirs dévolus jusque-là au puissant service de renseignement ont été transférés à l'état-major de l'ANP, dont le chef Ahmed Gaïd Salah a été nommé vice-ministre de la Défense nationale, lors du dernier remaniement ministériel. Les observateurs de la scène politique nationale avaient déjà relevé, avant que cette nomination n'intervienne, que le chef de l'Etat affichait une velléité franche de s'appuyer sur l'état-major de l'ANP et non sur le DRS. Un scénario totalement inversé par rapport à ce qui a prévalu à la veille de l'élection présidentielle d'avril 2004. Le chef d'état-major de l'ANP de l'époque, le défunt Mohamed Lamari, s'était prononcé publiquement pour la neutralité de l'armée.