Alors que dans une toute petite commune de Haute-Kabylie, ils sont cinq à avoir la faculté de parapher des documents de l'état civil, un seul seulement assume cette charge au niveau des grandes communes du pays dont, notamment, celles de la capitale et des autres grandes villes. Mohamed Kebci - Alger (Le Soir) A Aït-Boumehdi, cette petite municipalité lovée au pied du majestueux Djurdjura, à l'extrême sud de la wilaya de Tizi-ouzou, ce n'est pourtant pas le grand rush en matière de demandes des divers documents de l'état civil à telle enseigne, d'ailleurs, que les préposés aux guichets s'ennuient à mourir, le plus souvent dans l'après-midi faute de «clients». Car ici, comme partout ailleurs dans le monde rural, les gens consacrent la matinée pour se faire délivrer leurs pièces de l'état civil. Et cela n'a pas pour autant empêché le maire de la commune, qui en est à son second mandat de suite, à instaurer sa «vision» une fois chargé par la population locale, il y a six ans, de la gestion des affaires de la collectivité. Ceci en donnant délégation de signature à quatre fonctionnaires de la commune en plus du chef de service de l'état civil. Comme quoi, ce jeune universitaire n'a pas attendu les dernières instructions portant amélioration du service public. Quoique, il est vrai, que la notion de service public ne se limite pas à cet aspect qui n'en représente qu'un tout petit échantillon. Mais pourquoi, donc, ils sont rares les maires qui agissent comme celui de cette commune isolée ? Surtout que l'initiative est dans les pleines prérogatives des élus locaux pour peu, comme le soulignera le concerné, que ledit fonctionnaire auquel est donnée la délégation de signature soit titulaire dans son poste. Motus et bouche cousue chez nombre de fonctionnaires approchés, hier, lors d'une tournée effectuée dans trois communes d'Alger. Et dans les trois sites, le même décor ou presque s'offre avec des espaces où il est difficile de se frayer un chemin, notamment au service de l'état civil de la commune de Hussein-Dey. Une fois les documents sollicités remis par le préposé au guichet au client non sans une attente éreintante, ce dernier est orienté vers le «parapheur», le chargé à la légalisation des pièces. A ce niveau, l'attente est moins pesante, il est vrai mais plus d'un citoyen trouve cette seconde «queue» inutile, le préposé à sa délivrance pouvant bien légaliser les documents pour peu qu'il ait la qualité pour ce faire. Le tout dans une «fourmilière» où il est laborieux de se faire entendre. Dans la commune voisine de Mohamed-Belouizdad, la tension est beaucoup moindre, la proximité de l‘heure des braves (mi-journée) étant pour quelque chose, soutient un habitué des lieux. Mais la délivrance des documents obéit à la même «logique» avec un seul agent chargé de leur donner le cachet légal. Tout comme c'est le cas dans l'autre commune limitrophe, celle de Sidi-M'hamed où le service de l'état civil ne chôme presque pas tout au long de la journée, nous dit-on sur place. Ici, la tension est beaucoup plus «significative» concernant le fameux extrait de naissance numéro 12 auquel plusieurs guichets sont «dédiés». «Fort heureusement que le système est informatisé et même ainsi, c'est la galère», témoigne une jeune, affairée à mettre de l'ordre dans sa consistante paperasse pour les besoins d'un dossier de recrutement. Et c'est le même rituel pour les citoyens avec la double chaîne qui leur est imposée par-devant d'abord le «délivreur» du document ensuite son «légalisateur». Mais pour les plus «imprégnés» de la chose, il est préférable d'aller dans l'une des nombreuses annexes des quartiers populaires. Des structures dont l'ambiance sereine ressemble quelque peu à celle de cette petite commune de montagne, comme nous avons eu à le vérifier au sein de l'annexe Mustapha-Khalef de la commune d'El-Biar. Mais cela présente l'inconvénient d'y aller et d'en revenir avec les insupportables bouchons sur les routes. Et pas que cela, comme ont tenu à le signaler des citoyens, ces erreurs dans la transcription dans les documents de l'état civil, le personnel affecté à ce service comprend également les jeunes du pré-emploi, voire même du filet social. Comme quoi, la réforme du service public est loin de se limiter à des instructions d'«en haut», relevant d'abord et surtout d'une conviction et d'une option loin d'être liée à une quelconque conjoncture.