L'ancien président pakistanais, Pervez Musharraf, sera jugé pour trahison pour avoir imposé l'état d'urgence en 2007, a annoncé hier le ministre pakistanais de l'Intérieur, Chaudhry Nisar Ali Khan. «Suivant le jugement de la Cour suprême et le rapport d'un comité d'enquête, il a été décidé d'engager contre le général Pervez Musharraf les procédures (pour trahison) liées à l'article 6 de la Constitution», a déclaré M. Khan lors d'une conférence de presse. «C'est la première fois dans l'histoire du Pakistan» qu'un ancien chef des armées sera jugé pour trahison, a-t-il souligné, ajoutant que «cette décision a été prise dans l'intérêt national». Au Pakistan, le crime de trahison est passible de la peine de mort ou de la prison à vie. Le ministre de l'Intérieur a ainsi expliqué que le chef de la Cour suprême recevrait aujourd'hui lundi une lettre du gouvernement lui demandant de mettre en place un tribunal mené par trois juges pour entamer cette procédure, et que le gouvernement nommerait dans la même journée un procureur spécial. Pervez Musharraf, 70 ans, avait dirigé le Pakistan de 1999, lorsqu'il avait pris le pouvoir par un coup d'Etat, à sa destitution en août 2008, suivie de son départ du pays. Il avait mis fin à son exil en mars dernier, dans l'espoir de participer aux élections et de «sauver» le Pakistan, confronté à une crise économique et aux attentats des talibans. Mais M. Musharraf avait été rapidement rattrapé par la justice qui l'a assigné à résidence dans sa villa de la capitale pour différentes affaires, dont le meurtre de son ancienne rivale Benazir Bhutto. Il avait obtenu la semaine dernière une libération conditionnelle dans la dernière affaire pour laquelle il était encore assigné à résidence : l'assaut sanglant qu'il avait ordonné contre des islamistes retranchés dans la mosquée Rouge d'Islamabad en 2007.