L'affaire Chakib Khelil replonge le Parti des travailleurs de Louisa Hanoune dans ses contradictions qui, depuis 1999, ont constitué sa vraie ligne politique : un soutien permanent à Abdelaziz Bouteflika en même temps qu'une opposition acharnée à sa politique, économique notamment et un déchaînement continu contre les plus proches qui ont exécuté cette même politique pendant des années, dont Chakib Khelil justement. Kamel Amarni - Alger (Le Soir) Dans un communiqué rendu public hier dimanche, le secrétariat du bureau politique du PT annonce ainsi qu'il a «enregistré , dans la sérénité, le mandat d'arrêt international lancé par la cour d'Alger à l'encontre de Chakib Khelil, les membres de sa famille et plusieurs autres personnes accusées de corruption et de malversations dans des contrats entre Sonatrach et des partenaires étrangers». Pour le parti d'extrême gauche, qui avait déjà eu à s'allier avec ce qui était censé constituer son pire ennemi, l'ex-FIS, «la décision de la cour d'Alger constitue une avancée politique indéniable dans la lutte contre la corruption et la dilapidation des deniers publics d'autant qu'il s'agit d'un ancien ministre (...)». Soit. Or, le PT se contredit le paragraphe d'après lorsqu'il ajoute : « le PT qui a été le seul parti à combattre la politique compradore au service des multinationales de Chakib Khelil, considère que le concerné aurait dû être jugé il y a 10 ans déjà pour haute trahison nationale lorsqu'il a tenté de privatiser Sonatrach, n'eut été la grève générale de l'UGTA qui a bloqué son projet destructeur, tout comme la loi portant dénationalisation des hydrocarbures en 2005, concoctée au Etats-Unis et combattue par le PT exclusivement, une loi gelée par le chef de l'Etat puis annulée en 2006, relevait de la haute trahison». Incontestablement, il s'agit-là d'un paragraphe d'anthologie ! Le parti de Louisa Hanoune qui, au passage , nous apprend que l'UGTA est un syndicat «autonome» au point de «bloquer» un projet de loi phare et, rappelons, le, défendu publiquement et avec un acharnement particulier par... Abdelaziz Bouteflika, veut en outre présenté Chakib Khelil comme un responsable «autonome», qui agissait à sa guise, dans un secteur qui , depuis l'indépendance, a toujours été un domaine réservé de tous les chefs d'Etat qui se sont succédé à la tête du pays. C'est pourtant connu : sous Boumediene, Chadli, jusqu'à, surtout, Bouteflika, la Sonatrach en particulier et tout le secteur des hydrocarbures ont toujours été gérés entre trois personnes que sont le P-dg de la compagnie, le ministre de l'Energie et le président de la République. La fameuse loi de 2005, pour rappel, avait été adoptée en Conseil du gouvernement, puis en Conseil des ministres présidé par Bouteflika. Elle n'avait rencontré qu'une seule opposition, celle de l'ex-ministre de l'Intérieur, Yazid Zerhouni. Ce n'était qu'en 2006, après sa première maladie, que Bouteflika décidera de «revenir» sur cette révision, en procédant à une autre révision avec, comme d'habitude le «soutien» de tous ! Chakib Khelil, tout comme l'autre pilier du régime Bouteflika, Abdelhamid Temmar, l'autre «cible» permanente du PT n'ont fait, en fin de compte, qu'appliquer la politique et le programme de Bouteflika. Mission qu'ils ont accomplie sous son strict contrôle de surcroît ! Bouteflika qui proclamait publiquement qu'il ne serait jamais «un trois quart de président », par rapport à l'armée, l'aurait-il été par rapport à des ministres ? C'est ce que nous suggère le PT, en tout cas !