Dossier préparé par Abder Bettache La Fonction publique est le premier employeur en Algérie mais aussi le premier recruteur. Au 31 décembre 2011, il a été recensé 1 906 775 employés, dont plus de 86% occupent des postes permanents. Les fonctionnaires sont de l'ordre 1 511 952 agents, alors que les contractuels sont au nombre de 394 923 agents. Ce chiffre a augmenté de plus de 47% en 2012 par rapport à 2005. S'agit-il là d'un indice de bonne santé de la politique d'emploi en Algérie ? Ou encore ce chiffre couvre-t-il largement les besoins de l'administration ou y a-t-il pléthore ? Décryptage. En Algérie, les effectifs de la Fonction publique ne cessent d'augmenter d'une année à une autre. L'ex-ministre du Travail, de l'Emploi et de la Sécurité sociale, Tayeb Louh, avait déclaré en 2012, que les effectifs de la Fonction publique ont augmenté de plus de 47% en 2012 par rapport à 2005. Ainsi, pas moins de 1 913 254 Algériens travaillaient dans le secteur de la Fonction publique au niveau national en 2012, dont plus de 86% à des postes permanents. Un état récapitulatif de la situation des cotisants arrêté par la direction générale de la Cnas pour l'année 2013 fait état, pour sa part, de 2 851 1997 fonctionnaires. Un chiffre loin de celui avancé par la Direction générale de la Fonction publique (DGFP). La différence ? Le chiffre de la Cnas inclut tous les fonctionnaires y compris ceux recrutés dans le cadre du pré-emploi. Il s'agit d'un chiffre qui englobe également des employés occupant des postes administratifs au sein d'entreprises relevant du secteur privé. Or, selon la Direction générale de la Fonction publique, est reconnu fontionnaire «toute personne qui répond au critère de l'article 4 qui définit la relation statutaire entre un employé et son employeur étatique relevant du secteur de la Fonction publique». Ainsi, l'article stipule «qu'il est fonctionnaire l'agent qui, nommé dans un emploi public, a été titularisé dans un grade de la hiérarchie administrative. La titularisation est l'acte par lequel le fonctionnaire est confirmé dans son grade». Il est à rappeler, par ailleurs que, les fonctionnaires recrutés dans le cadre du pré-emploi ne sont pas comptabilisés au sein du fichier de la DGFP. Intérieur et collectivités locales en tête L'article 7 de la même disposition conforte l'article 4 qui précise que «le fonctionnaire est vis-à-vis de l'administration dans une situation statutaire et réglementaire», autrement dit, il jouit de tous ses droits et devoirs. Cela dit, le département de l'intérieur et des collectivités locales arrive en tête des institutions qui emploient le plus grand nombre de fonctionnaires. Selon des statistiques de la DGFP, ce ministère emploie 603 880 agents, suivi par les départements de l'éducation nationale, de la santé publique, de l'enseignement supérieur et des finances avec respectivement 560 701 agents, 237 618 agents, 152 829 agents et 72 456 agents. La répartition des effectifs de la Fonction publique par secteur d'activité fait ressortir également 48 044 agents pour le secteur de la formation et l'enseignement supérieur, alors que celui de la justice emploie 40 145 agents. Selon la même source, 190 402 agents sont répartis sur d'autres secteurs d'activités et régis par le statut de la Fonction publique. Concernant la répartition des effectifs de la Fonction publique par niveaux de qualification, il est indiqué que les agents identifiés dans la catégorie de la conception sont au nombre de 555 907, soit 29, 2%, alors que ceux classés dans les catégories de l'application, de la maîtrise et de l'exécution sont respectivement de 338 926 agents (17,8%), 270 337 agents (14,2%) et 741 705 agents (38,9%). Les femmes en deçà de la moyenne Sur le million neuf cent treize mille fonctionnaires recensés au niveau de la Direction générale de la Fonction publique, le personnel féminin ne dépasse pas la moyenne de l'effectif global. Les femmes en activité dans la Fonction publique représentent 607 160 agents, soit un taux de 31,8 % de l'effectif global. Cette situation dénote, estime des analystes, «le recul de la présence féminine même si dans certains secteurs comme l'éducation, elle dépasse les 40%». Ainsi, par secteur d'activités, les statistiques de la Direction générale de la Fonction publique font ressortir une présence féminine de 257 097 agents dans le secteur de l'éducation nationale, soit 42%, suivi par le département de la santé avec 117 513 agents féminins soit un taux de 20%, alors qu'au niveau des départements ministériels de l'intérieur et des collectivités locales, de l'enseignement supérieur, des finances, de la formation professionnelle et des autres secteurs, la présence féminine est recensée respectivement à hauteur de 76 690, 50 442 ; 22 297 ; 15 589 et 67 532 fonctionnaires. En mars dernier, en marge de la Journée mondiale de la femme, le département du travail, de l'emploi et de la sécurité sociale avait indiqué, que 88% du nombre des travailleuses de la Fonction publique étaient des permanentes et 11,3% contractuelles. Les moins de 50 ans majoritaires La pyramide d'âge des fonctionnaires fait ressortir que les employés de moins de 50 ans sont majoritaires au sein de l'administration publique. Par tranche d'âge, les fonctionnaires dont l'âge est situé entre 30 et 40 ans arrivent en tête avec 38,6%, soit 736 195 agents talonnés par les 41 ans et 50 ans. Ces derniers représentent un chiffre de 594 556 agents, soit 31,2% du taux global. Les moins de 30 ans, dont le pourcentage est de 13,6%, sont au nombre de 206 036 fonctionnaires, ils arrivent en troisième position, alors que ceux situés entre 56 et 59 ans sont évalués à 100 000 fonctionnaires, plus exactement 93 083 agents soit 4,9% de l'effectif. Enfin, les plus de 60 ans représentent, selon la Direction générale de la Fonction publique, 1% du taux global, soit 19 044 agents. Concernant ce dernier point, une vive polémique s'est engagée entre les différents acteurs concernés au lendemain de la circulaire du Premier ministre. Dans une circulaire adressée aux présidents des directoires des SGP (Société de gestion des participations) et aux P-dg des EPE (entreprises publiques économiques) portant le n°93/PM datée du 4 avril 2013, le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, somme ces derniers à ne plus recruter des cadres retraités pour assurer la gestion des entreprises. Il reste à savoir si au niveau de la Fonction publique, la circulaire est appliquée ou elle ne concerne que des postes spécifiques. Il reste à savoir aussi si c'est la DGFP qui veille à l'application de la réglementation concernant la gestion des carrières des fonctionnaires, ou bien c'est l'employeur qui définit les critères du recrutement et du départ en retraite.