Le président de la Commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l'Homme (CNCPPDH) ne compte pas cesser sa guerre contre deux facettes qui rendent, à ses yeux, caducs tous les efforts déployés en vue d'améliorer la justice dans le pays. Mohamed Kebci - Alger (Le Soir) - Me Farouk Ksentini, qui était hier l'invité de la rédaction matinale de la Chaîne III de la radio nationale, a soutenu qu'«il n'y a pas d'industrie aussi performante dans le pays que celle du mandat de dépôt», laquelle industrie, a-t-il poursuivi, «prospère à grande vitesse». Une culture qui continue à persister et qu'il dit «déplorer» car «inadmissible» et ne correspondant pas à la volonté politique des dirigeants et ne s'accommode pas des droits de l'Homme. «Il n'y a pas plus contraire au droits de l'Homme que la détention préventive abusivement et arbitrairement décidée», a encore soutenu Me Ksentini qui a fait remarquer, au passage, que les textes en matière de détention provisoire sont d'une «grande clarté, mais que c'est leur application qui est «incorrecte». Autre cheval de bataille du président de la CNPPDH, la nature des décisions de justice loin d'être de qualité, pointant du doigt les magistrats à la fois prédateurs et protecteurs des droits de l'Homme». «Cette ambivalence, qu'il faut faire balancer au rôle protecteur des droits de l'Homme. Le rôle des magistrats est très important», a-t-il encore estimé. D'où, selon Me Ksentini, l'impératif d'une formation «efficace» des magistrats car, a-t-il poursuivi, «lorsqu'une justice est de bonne qualité, l'opinion publique est satisfaite et les choses vont mieux». Une qualité des décisions de justice que Me Ksentini croit déceler dans la lutte contre les stupéfiants, estimant, à ce titre, totalement «ahurissantes» les verdicts rendus qui mettent sur un pied d'égalité celui sur lequel ont été trouvés quelques grammes de stupéfiants et celui interpellé en possession d'une grande quantité de drogue. Il a dit regretter la discrimination de ces cas en matière de grâce présidentielle. Pour Me Ksentini, «la répression à elle seule ne suffit pas à régler les problèmes» et «il faut sanctionner en proportion de la gravité de l'affaire». Par ailleurs, le président de la CNPPDH a qualifié d'«injustifiée» et d'«inopportune» l'élection du Maroc au Conseil des droits de l'Homme de l'Onu. «L'élection du Maroc au Conseil des droits de l'Homme de l'Onu est tout à fait injustifiée et totalement inopportune», a-t-il indiqué, regrettant qu'«un narco-Etat comme le Maroc, qui fait une guerre expansionniste et colonialiste à l'encontre du peuple du Sahara occidental», ait pu être élu à cette instance onusienne et à seulement une voix de différence avec l'Algérie admise à ce conseil onusien avec 164 voix alors que le royaume chérifien a été élu à la même instance avec 163 voix. Pour rappel, l'Assemblée générale de l'ONU a procédé mardi à l'élection de 14 nouveaux membres au Conseil des droits de l'Homme, dont l'Algérie, pour la période 2014-2016. Une élection à valeur de «reconnaissance manifeste, un plus pour le pays dans ses efforts en matière des droits de l'Homme», a estimé Me Ksentini.