Le procureur général du Brésil a inculpé mardi les ex-présidents Luiz Inacio Lula da Silva et Dilma Rousseff pour organisation criminelle visant à détourner des fonds de la compagnie pétrolière d'Etat Petrobras. «Les délits ont démarré au plus tard mi-2002 et se sont poursuivis jusqu'au 12 mai 2016», quand Dilma Rousseff a été suspendue de ses fonctions, a indiqué le parquet général dans un communiqué. Luiz Inacio Lula da Silva, icône de la gauche latino-américaine, avait présidé le Brésil de 2003 à 2010. Dilma Rousseff, première femme à diriger ce pays, lui avait succédé en 2011. Selon l'accusation, le parti des deux ex-chefs d'Etat, le Parti des travailleurs (PT) aurait reçu des pots-de-vin pour un montant de 1.485 millions de réals (399 millions d'euros) «à travers des établissements publics comme Petrobras, la banque nationale du développement ou le ministère de la Planification». Pour le procureur général Rodrigo Janot, Lula est en grande partie responsable de cette «organisation criminelle». L'ex-président, cité dans cinq affaires judiciaires, a été condamné en juillet à 9 ans et demi de prison pour corruption passive et blanchiment d'argent. Le juge anticorruption Sergio Moro accuse l'ex-Président d'avoir bénéficié des largesses d'une entreprise de bâtiment pour intercéder en sa faveur en vue de l'obtention de contrats publics auprès du groupe pétrolier Petrobras. En échange, il aurait reçu un triplex dans une station balnéaire en guise de pot-de-vin. Laissé en liberté le temps d'être jugé en appel, il doit comparaître — pour une autre affaire — devant le juge Moro le 13 septembre. Lula, 71 ans, nie toutes les accusations en bloc et se dit victime d'un complot visant à l'empêcher de se présenter à l'élection présidentielle de 2018.