La justice britannique a remis, hier, Rafik Abdelmoumène Khalifa aux autorités algériennes. Condamné à la réclusion à perpétuité par le tribunal criminel de Blida, l'homme d'affaires algérien s'était réfugié en Angleterre en 2003. ;Tarek Hafid - Alger (Le Soir) Rafik Abdelmoumène Khalifa a passé le réveillon de Noël à la prison de Blida. Le patron du groupe Khalifa, en fuite depuis l'effondrement de son empire en 2003, a été extradé, hier, vers l'Algérie par la justice britannique. Il est arrivé à 18h 10 dans un avion en provenance de Londres. La procédure d'extradition intervient «suite à l'épuisement de tous les recours auprès de la justice du Royaume-Uni et de la justice européenne, concernant l'extradition de M. Abdelmoumène Rafik Khalifa. La délégation (algérienne) qui s'est déplacée dimanche à Londres a finalisé toutes les procédures d'extradition pour la remise du concerné. Ce dernier a été remis le 24 décembre conformément aux procédures légales et aux dispositions de la convention judiciaire entre les deux pays», a indiqué le ministère algérien de la Justice dans un communiqué de presse rendu public par l'agence APS. La fin de la cavale du businessman était prévue depuis plusieurs jours déjà. Le 15 décembre, le ministère britannique de l'Intérieur annonçait officiellement le déclenchement de la procédure d'extradition. «M. Khalifa s'est vu refuser d'interjeter appel devant la Cour suprême le 3 décembre. Il va être extradé dans les 28 jours qui font suite à cette date», avait alors indiqué le Home Office. Alger réagira le lendemain par la voix de son ministre de la Justice, Tayeb Louh. Le garde des Sceaux a garanti la tenue «d'un procès équitable», mais a néanmoins précisé que le concerné disposait d'une ultime possibilité de recours en saisissant «la Cour européenne des droits de l'Homme». Une voie visiblement sans issue puisqu'il est depuis hier en Algérie. Une nouvelle étape débute donc dans le parcours atypique de celui qui fut l'homme d'affaires le plus puissant d'Algérie. Le groupe Khalifa, dont la banque éponyme était le noyau, lui a permis de s'imposer dans différents secteurs grâce à des dépôts massifs d'argent publics effectués par des organismes et des entreprises d'Etat. La faillite de Khalifa Bank a provoqué la chute de tout son empire. L'opinion publique prendra conscience du système qui permit l'ascension du golden boy lors du procès qui s'est déroulé en mars 2007 devant le tribunal criminel de la cour de Blida. Plusieurs personnalités ont été convoquées à la barre, notamment Mourad Medelci, Abdelmadjid Sidi-Saïd et Bouguerra Soltani. Tous les hauts responsables ont été cités en qualité de témoins. Au terme de ce procès, Khalifa sera reconnu coupable d'association de malfaiteurs, vol qualifié, escroquerie, abus de confiance, faillite frauduleuse et condamné à la réclusion criminelle à perpétuité. Débutera alors la longue procédure d'extradition entre les autorités algériennes et britanniques. L'homme est aujourd'hui entre les mains de la justice de son pays. Le nouveau procès se déroulera en sa présence. Un procès éminemment politique durant lequel l'homme d'affaires pourrait faire des révélations fort compromettantes. Il y a quelques années, Rafik Abdelmoumène Khalifa déclarait à un quotidien français qu'il était victime «d'un complot politique orchestré par le Président Bouteflika». Maintiendra-t-il ses accusations?