Téléphoner à partir de son appareil fixe et surfer sur Internet vont être facilités aux habitants des zones reculées du pays, mais pas dans l'immédiat. Chérif Bennaceur - Alger (Le Soir) L'opérateur public Algérie Télécom lancera durant les tout prochains mois la téléphonie de quatrième génération (4G) en mode fixe. Celle-ci est basée sur la technologie ou norme de téléphonie mobile LTE-Long Term Evolution (3.9 G) avancée qui permet le très haut débit mobile avec des communications téléphoniques utilisant la voix sur IP et une vitesse de transmission des images et du son de 5 à 10 fois plus importante que celle de la 3G (100 MBps par seconde). En fait, la 4G-LTE est censée permettre des téléchargements plus rapides et plus fluides et à un plus grand nombre d'utilisateurs d'accéder au réseau sans fil à grande vitesse sans compromettre la performance. Présente dans de nombreux pays (plus de 9 millions d'abonnés ayant été comptabilisés en 2012 dans le monde et une prévision de plusieurs centaines de millions d'abonnés d'ici 2016), la 4G-LTE sera destinée en Algérie essentiellement aux habitants des zones isolées, montagneuses et rurales, a-t-on indiqué récemment au niveau de l'opérateur et du ministère de la Poste et des Technologies de l'information et de la communication (MPTIC) . Ces habitants pourront téléphoner et se connecter à Internet en haut débit sans avoir besoin de transmissions filaires ou en fibres optiques. Il suffira d'avoir un appareil fixe, un PC, un téléphone intelligent (smartphone ou tablette) ou une clé-USB, et un modem spécial fourni par Algérie Télécom. Au centre d'un village ou d'une localité donnée, l'opérateur historique installera une antenne qui sera connectée en wifi à une autre antenne principale, installée à une certaine distance. Le nombre de ces antennes variera selon le nombre des localités ciblées et la densité de la population. Des équipements spécifiques permettront de relier sans fil le modem et l'antenne locale, à l'instar des stations de téléphonie mobile 2G. Ce qui représente un avantage par rapport à l'usage des fibres optiques ou des câbles qui ne sont pas présents sur l'ensemble du territoire national. De même, l'utilisation de la LTE dans les zones reculées permettra de généraliser l'Internet très haut débit. Toutefois, le nombre des utilisateurs de la 4G en mode fixe risque d'être limité dès le départ, même si l'opérateur public escompte quelque 150 000 abonnés en premier lieu. Ce, dans la mesure où le coût du modem ne sera pas à la portée du tout-venant et que le tarif d'abonnement pourrait représenter le triple ou le quadruple du tarif ADSL ou MSAN actuel. Ainsi, l'opérateur public devrait cibler d'abord les professionnels, notamment les entreprises et quelques particuliers, avant d'élargir cette norme aux citoyens lambda. Ce qui dépend de la qualité du déploiement du réseau et des équipements, du nombre des habitants concernés... Voire, de la capacité de l'opérateur à pouvoir amortir cet investissement à terme, de la possibilité de développer le service universel.... Ce qui reste loin d'être évident. Certes, Algérie Télécom avait pris les devants en expérimentant cette technologie depuis plusieurs mois, notamment au niveau du Cyberparc de Sidi Abdallah (Zéralda) et en lançant un appel d'offres pour l'acquisition des équipements. Un investissement évalué entre 40 et 50 millions d'euros, indiquait récemment le P-dg d'Algérie Télécom, Azouaou Mehmel. A ce propos, le consultant en technologies de l'information et de la communication, Younès Grar, estime que le développement de la 4G en mode fixe est «utile» et permettrait de «régler certains problèmes». Toutefois, le déploiement de la 4G en mode fixe survient dans un contexte où la téléphonie mobile de troisième génération entame sa vitesse de croisière. Ainsi, deux opérateurs de téléphonie mobile dont une filiale d'Algérie Télécom, en attendant l'entrée en course d'un troisième opérateur, ont entamé depuis trois semaines la commercialisation offensive de la 3G qui, rappelons-le, permet des débits de 2 à 42 Mb/s ainsi qu'une connexion meilleure à Internet, le visionnage de vidéos et d'émissions notamment télévisuelles. En se lançant dans la technologie LTE, l'opérateur public devrait néanmoins prendre en compte la nécessité de poursuivre le développement de la fibre optique et de l'ADSL, pouvoir concurrencer le déploiement de la 3G et préserver les intérêts de sa filiale. Ce qui représente un challenge important à relever. Et un challenge qui sera plus difficile à relever avec le déploiement attendu de la téléphonie mobile de 4e génération en Algérie dès 2015-2016 comme le prévoyait récemment la première responsable du MPTIC, Zohra Derdouri. Face à ce challenge, l'opérateur public est appelé en somme à se positionner de manière efficace et optimale.