Jamais le Front de libération nationale n'a connu une situation aussi compliquée, aussi incertaine. A moins de trois mois de l'élection présidentielle, même le pouvoir est indécis quant à l'identité de celui qui conduira l'ex-parti unique durant cette période si sensible d'avant l'élection du 17 avril. En haut lieu, et selon une source très bien informée, «il est clair que Amar Saâdani est lâché. Il a été ramené pour mettre de l'ordre au sein du FLN et il n'aura réussi qu'à mettre du désordre dans tout le pays» ! Cela sonne comme un verdict sans appel. Kamel Amarni - Alger (Le Soir) Imposé de force, l'été dernier par la présidence, l'actuel secrétaire général du parti, très controversé avant même son intronisation, finira par dépasser «certaines lignes rouges», un vrai tabou dans un parti comme le FLN : s'en prendre violemment aux services de renseignement ainsi qu'au Premier ministre en exercice, Abdelmalek Sellal. D'où la décision de le débarquer «le plus tôt possible» prise par ceux-là mêmes qui l'avaient imposé. Son successeur désigné ? Tout bonnement, son ... prédécesseur, Abdelaziz Belkhadem ! Or, l'option Belkhadem fait face à de fortes résistances parmi les membres du Comité central. Un Comité central divisé désormais en plusieurs factions qu'il est très difficile de concilier autour d'un candidat consensuel, à plus forte raison Abdelaziz Belkhadem. Le groupe le plus important parmi les contestataires de l'actuelle direction du parti est conduit par l'ancien ministre, Abderrahmane Belayat. A la question relative au «cas Belkhadem», dont la candidature au poste de secrétaire général serait imposée d'en haut, Belayat nous donnera cette réponse très diplomatique : «C'est possible. Je n'exclus pas qu'il (Belkhadem, ndlr) soit réellement intéressé mais sa candidature rencontre de très fortes oppositions. Nous, ce qui nous intéresse, c'est de réunir le Comité central pour mettre fin à une imposture. A une situation inédite dans l'histoire du parti.» Notre interlocuteur nous révélera, par ailleurs, que le nombre minimum requis pour appeler à une session extraordinaire du Comité central vient d'être atteint. «Nous avons même largement dépassé la barre des deux tiers nécéssaires et il s'agit de signatures authentifiées et assumées. Les gens sont venus spontanément.» Et la suite ? Belayat nous confiera : «Ce soir (mardi, ndlr) je vais me réunir avec les membres du bureau politique. Je vais voir aussi avec le groupe des redresseurs pour nous entendre sur une date et un lieu pour la tenue d'une session extraordinaire du Comité central.» Et pour un candidat ? Tout l'enjeu est à ce niveau. Certainement, cela se décidera ailleurs. «Le candidat du pouvoir se doit impérativement et inévitablement se prononcer clairement en faveur du président et du quatrième mandat. Belkhadem est ce candidat. En tout cas, il est hors de question de mettre un SG en dehors de la mouvance présidentielle en cette période pré-électorale, ni même prendre le moindre risque que le parti aille ailleurs...» La confidence est de notre source citée plus haut et l'allusion à la candidature de Ali Benflis est à peine voilée. «Si jamais le flou demeure et les factions au FLN ne s'entendent pas, il n'est pas à écarter que les choses soient laissées en l'état», à savoir maintenir Saâdani. Ce dernier, de son côté, tente de se défendre. Selon son entourage, «une majorité de membres du Comité central a exprimé son soutien au secrétaire général». Mais tout le monde sait que ce genre de soutien n'a jamais garanti quoi que ce soit au FLN ! N'empêche, Saâdani réunira dès aujourd'hui les mouhafedh, puis le bureau politique pour organiser sa riposte.