A peine installé dans son poste de secrétaire général du Front de libération nationale, et avant même d'annoncer la composante de son bureau politique que Amar Saïdani fait déjà face à «son» mouvement de redressement ! Pour le coordinateur national du parti déchu, Abderahmane Belayat, il s'agit plus précisément d'un mouvement de «redressement, de sanctuarisation et de rénovation du parti». Kamel Amarni - Alger (Le Soir) Ce nouveau mouvement est une jonction entre l'ex-«mouvement de contestation contre Abdelaziz Belkhadem» et le courant resté fidèle à Belayat. «Je suis désigné coordinateur avec Abdelkrim Abada», nous dira d'ailleurs Belayat. Pour notre interlocuteur, les choses sont claires : «Nous dénonçons un acte de piraterie, un hold-up politique. Pour nous, le FLN n'a pas désigné un autre secrétaire général après le départ de Abdelaziz Belkhadem et le 29 août dernier, ce n'était pas le comité central qui s'était réuni à l'hôtel El-Aurassi. Ce jour-là, il y a eu une rencontre, c'est tout, et qui n'engage en rien le parti.» Pour Belayat, Amar Saïdani «n'est pas secrétaire général du FLN et ses déclarations n'engagent que sa propre personne». Les nouveaux redresseurs qui se sont réunis samedi dernier ont rendu publique une déclaration, hier dimanche. Une déclaration pour le moins sans concessions à l'égard de Saïdani, bien sûr. Cette sortie «qui n'est pas du tout improvisée», nous confie encore Belayat, est en effet bien calculée par ses auteurs. Elle intervient d'abord à quelques jours de la tenue d'une session du comité central convoquée par Amar Saïdani pour les 15 et 16 novembre. «Nous appelons tous les membres du comité central à ignorer cet appel pour que son auteur se retrouve tout seul le 15 novembre prochain», ajoutera notre interlocuteur. Mais ce qui est certain est que les contestataires ne veulent pas du tout laisser échapper l'occasion en or que leur a offerte Amar Saïdani par son erreur (faute ?) tactique digne d'un vrai novice en politique ! Il s'agit, bien sûr, de ses fameuses déclarations à l'agence Reuters où il traitait des relations entre Bouteflika et les services. «Nous dégageons toute responsabilité en même temps que nous dénonçons les dernières positions ou déclarations faites au nom du parti et qui osent, éhontément, émettre des jugements sur des phases cruciales dans la vie de la nation ou sur des institutions nationales sensibles.» Pour enfoncer le clou, les contestataires tenaient encore à rendre un «hommage appuyé à toutes les forces vives qui œuvrent, en toutes circonstances, pour la gloire du pays, sa sécurité, sa stabilité, son intégrité territoriale et sa souveraineté à la tête desquelles l'Armée nationale populaire ainsi que les différents services de sécurité». C'est, pour résumer, encore reparti pour un autre feuilleton au FLN. «Oui, il y aura une suite dans notre action», confirme Belayat. Il s'agit, en fait, d'une double action : politique et juridique. Mais le fait qu'un Tayeb Louh, qui avait joué un grand rôle pour imposer Saïdani à la tête du FLN, se retrouve, depuis, promu ministre de la Justice n'est-il pas de nature à réduire les chances des contestataires ? «Nous avons confiance en l'institution judiciaire qui nous a déjà donné raison en référé à travers la chambre administrative qui ne peut pas se déjuger sur le recours introduit sur le fond.» Bouteflika, qui avait imposé Saïdani contre vents et marées, l'été dernier va-t-il, lui, «se déjuger» en actionnant le processus inverse ?