L'attaque frontale de Amar Saâdani contre le 1er responsable du DRS n'a pas semblé suffisante pour faire sortir la hiérarchie militaire de son silence. Hier, en fin d'après-midi, l'armée n'avait pas encore réagi aux accusations proférées par le secrétaire général du FLN. Ce silence laisse dubitatif dès lors que l'on sait que le DRS est, comme son nom l'indique, un département du ministère de la Défense. A ce titre, il est difficile de croire, au moins du point de vue strictement organique, que les propos de Saâdani pourraient épargner l'ensemble de l'institution militaire. Sauf évidemment à entériner quasi officiellement l'idée que l'armée et les services de renseignements sont en Algérie des entités totalement distinctes. Le rattachement à l'état-major de certaines structures du DRS, auparavant sous l'autorité du général de corps d'armée Mohamed Mediène et la nomination du général de corps d'armée Gaïd Salah au poste de vice-ministre de la Défense nationale avaient été suggérés comme des mesures visant à regrouper certaines attributions sous une seule autorité. Dans cette logique, il est difficile d'expliquer ce silence du commandement militaire lorsque l'un de ses démembrements est jeté à la vindicte publique. Il y a quelques semaines, l'armée n'avait pas hésité à sortir de sa réserve pour appeler les journalistes à plus de responsabilité suite à des écrits de presse bien loin d'égaler en violence les propos de Amar Saâdani sur l'un des premiers chefs de l'armée. Le devoir de solidarité dont les militaires font une valeur essentielle pourrait se voir considérablement malmené si aucune réaction ne devait suivre la charge portée par Saâdani contre le général de corps d'armée Tewfik. Mais y a fort à parier que la grande muette laissera passer l'orage sans sourciller. Il est vrai que les temps ont bien changé.