De tous les soutiens traditionnels d'Abdelaziz Bouteflika, seul le Forum des chefs d'entreprises (FCE) tergiverse encore pour se prononcer sur un 4e mandat pour lui. Les adhérents du FCE, qui avait soutenu Bouteflika en 2004 et en 2009, n'ont encore pas trouvé un consensus en vue des présidentielles du 17 avril prochain. En Algérie, où l'acte d'investir est tributaire d'appui politique, notamment en matière d'accès au financement bancaire, le Forum des chefs d'entreprises (FCE), la plus importante des organisations patronales, était toujours sensible aux signaux du sérail et sa position était un indicateur de la direction du vent. Mais, à moins de trois semaines de l'expiration des délais réglementaires pour le dépôt des candidatures aux présidentielles du 17 avril, la confusion est totale, surtout pour les adhérents du Forum. Ils nagent toujours dans le flou. L'organisation patronale peine, cette fois-ci, à scruter les signaux du palais, au moment où les soutiens traditionnels du Président Abdelaziz Bouteflika appellent quasiment tous à un 4e mandat pour lui. Diminué physiquement, Abdelaziz Bouteflika ne s'est pas prononcé pour le moment. Il brigue ou non un 4e mandat, c'est la question que se posent y compris ses adversaires. Sauf que le doute s'est immiscé parmi les patrons regroupés au sein du FCE. Soucieux de leurs intérêts, ces «pompes», qui ont financé sa campagne en 2004 et 2009, tergiversent pour prendre position. Ils ne savent pas qui est le puissant du moment et ils ne veulent ainsi pas se précipiter. Peut-on admettre qu'il s'agit là d'un indicateur sur le désistement d'Abdelaziz Bouteflika ? On ne sait toujours rien. Le report de l'assemblée générale extraordinaire qui devait se tenir avant-hier lundi, à l'hôtel El Aurassi, explique bien les tiraillements au sein de l'organisation. Le FCE reste prudent. Ses membres ne sont pas en mesure d'assumer une position qui pourrait lui être fatale, au lendemain des élections. Dans un pays où les lois relatives à l'activité économique changent parfois avant que leurs dispositions ne soient mises en application, le politique prend toujours le dessus. Et il faudrait bien protéger ses affaires. Sur les 268 membres composant l'instance délibérante, 44 seulement ont répondu à l'appel du président du FCE Réda Hamiani, pour débattre de la position à prendre en vue des présidentielles. La réunion n'a pu se tenir faute de quorum, ce qui est une première dans l'histoire de l'organisation patronale. Entre ceux qui se sont excusés par un agenda chargé et ceux qui refusent que leur organisation se mouille politiquement, Hamiani, soutien indéfectible du Président Bouteflika et qui voulait amener ses pairs à soutenir un 4e mandat, s'est retrouvé presque seul. La plupart des membres influents de son organisation ont séché la réunion. Hamiani, lui, ne veut pas diffuser un communiqué sous les appels insistants des partisans du 4e mandat. Il veut que la décision soit prise de façon collégiale, à la majorité, même s'il ne cache pas son penchant pour l'actuel Président. Que cette histoire de quorum fut fabriquée d'un commun accord entre les membres du Forum et leur président en attendant de voir plus clair ou de peur du désistement de Bouteflika, ou qu'elle soit l'œuvre d'un groupe qui ne fait plus confiance à Hamiani, la question qui se pose dans ce contexte est de savoir si le FCE dispose toujours du crédit qu'il avait auprès de ses soutiens politiques. L'émergence de nouvelles organisations patronales qui ont empiété sur sa composition l'a peut-être affaibli. Une saignée qui ne pourrait être négligée, particulièrement quand il s'agit de certains puissants scrutateurs des signaux du palais comme Abdelouahab Rahim, patron d'Arcofina et désormais président de l'Union nationale des investisseurs. Une organisation patronale créée à l'issue d'un conflit au sein du FCE et qui a été rapidement admise à la tripartite d'octobre dernier, réunissant le gouvernement, le patronat et la Centrale syndicale de Sidi Saïd. Cette organisation dirigée par Rahim ne s'est pas prononcée pour ou contre un 4e mandat non plus. Les adhérents au FCE, eux, finiront, en tout cas, par prendre position, une fois que les choses se seront précisées. Comme ils l'avaient fait en 2004 et 2009. Le quorum devant être atteint pour tenir une assemblée générale du FCE est la moitié plus un, soit 135. Rendez-vous le 26 février...