Le secrétaire général du Front de libération nationale a avoué, hier, que Abdelaziz Bouteflika n'avait toujours pas retiré les formulaires de souscription de signature. Amar Saâdani s'est astreint à une obligation de réserve pour s'interdire d'alimenter «la polémique politique» qu'il avait lui-même déclenchée en s'attaquant au chef des services de renseignement. Tarek Hafid - Alger (Le Soir) Saâdani s'est montré peu loquace, hier, à l'occasion de la rencontre avec les mouhafedhs et les responsables des comités de transition des Mouhafadhas. Contrairement à ses sorties publiques précédentes, le secrétaire général du FLN n'a fait aucune annonce fracassante à la presse. Mais lors du huis clos avec les responsables des structures locales, il a lâché l'aveu suivant : «Le Président Abdelaziz Bouteflika n'a pas encore retiré les formulaires.» Une petite phrase qui vient démentir toutes les informations faisant état de lancement «de la campagne de collecte de signatures» en faveur d'un quatrième mandat. A quinze jours de la fin de cette phase préliminaire, le Président sortant n'a pas encore mis les pieds à l'étrier. Néanmoins, Amar Saâdani n'a pas manqué d'insister auprès des mouhafedhs sur la nécessité de préparer activement la campagne électorale du «candidat du parti». «Nous devons être prêts pour mener campagne en faveur du candidat du parti, Abdelaziz Bouteflika. Nous n'attendons plus que son feu vert.» Selon lui, l'annonce officielle de candidature serait «imminente». Sauf qu'hier, Amar Saâdani s'est plus concentré sur la gestion de la «polémique politique» qu'il avait lui-même déclenchée suite à une interview accordée au média électronique, Tout sur l'Algérie. Le message politique «incrusté» dans la lettre de condoléances adressée au général Gaïd Salah suite à la catastrophe aérienne de Djebel Fertas, a servi de «bouée de sauvetage» au secrétaire général du FLN. «Chacun de nous a fait sa propre lecture de la lettre du président de la République. J'estime ne pas être concerné par le message qu'elle contient. Mais nous prenons en compte le fond du message puisqu'il vient mettre un terme à la polémique politique qui sévit ces derniers temps. Nous avons donc décidé d'appliquer à la lettre les ordres du Président en évitant à l'avenir toutes déclarations visant à alimenter cette polémique», a-t-il déclaré. La directive n°4, datée d'hier, précise qu'en vertu des «ordres du président de la République, l'ensemble des instances nationales et locales du Front de libération nationale sont sommées de mettre un terme à la polémique politique. Toutes les interventions, déclarations et entretiens doivent verser dans le sens des questions d'ordre organique du parti et des préparatifs en cours pour l'organisation de la campagne électorale en faveur du candidat Abdelaziz Bouteflika». Dans ce document, Amar Saâdani ne manque pas de rappeler le respect que voue «le Front de libération nationale à l'institution militaire». Mieux, après avoir accusé, dans les colonnes de TSA, les militaires du Département du renseignement de la sécurité d'avoir «failli dans la protection et la sécurité du Président Mohamed Boudiaf, de Abdelhak Benhamouda, ni les moines de Tibehirine, ni les bases de pétrole dans le Sud, ni les employés des Nations unies en Algérie, ni le Palais du gouvernement» voilà que Saâdani se permet de menacer «les parties qui tentent de tirer profit de la polémique politique pour déstabiliser l'Algérie».