Les cinq pays de la rive sud de la Méditerranée occidentale, engagés dans un dialogue avec les 5 pays de la rive nord, restent passifs. Chérif Bennaceur - Alger (Le Soir) Les pays du Maghreb « n'ont pas tiré tout le potentiel du dialogue 5+5 », estimait hier l'universitaire marocain, Fouad Ammor, chercheur au Groupe d'études et de recherches sur la Méditerranée (GERM) de Rabat, lors d'une conférence-débats à l'hôtel Hilton. Invité de l'Institut national d'études de stratégie globale (INESG), cet universitaire a considéré que les pays maghrébins sont restés dans une posture «passive» par rapport à leurs homologues européens. Certes, le dialogue 5+5 qui a été réellement impulsé depuis 2001 reste un «cadre informel» d'échanges entre les 10 pays de la Méditerranée occidentale, expliquait-il, mettant en avant son utilité. Néanmoins, Fouad Ammor relève l'absence de concertation entre les pays maghrébins «en amont» des réunions et rencontres organisées régulièrement (plus d'une douzaine depuis 2001) et portant sur des problématiques assez diverses. Certes, l'Algérie joue un rôle proactif, notamment dans le domaine de la sécurité alimentaire, note ce chercheur. Pour autant, l'«agenda» des réunions des 5+5 est généralement fixé selon des desiderata européens, laisse-t-il entendre, et porte principalement sur des problématiques d'ordre sécuritaire, liée aux flux migratoires mais dont les dimensions socioéconomiques manquent d'intensité. Voire, le dialogue 5+5 évolue vers un dialogue 5 (pays de la rive Nord)+1+1+1+1+1 (pays de la rive sud), observe-t-il. Autre grief, un manque d' action «harmonieuse, unitaire», un déficit de convergence entre les pays maghrébins, s'agissant notamment de la libre circulation des personnes. Constatant que les 5 pays du Sud ne cessent de revendiquer de leurs homologues du Nord davantage de flexibilité et de facilitations quant à la mobilité, l'invité de l'INESG stipendiera, ce faisant, le déficit de convergence entre les pays maghrébins. D'où l'invite directe de ce chercheur marocain à «l'ouverture» des frontières entre les pays maghrébins, une nécessité pour une meilleure réactivité et efficacité de ce dialogue. Egalement, Fouad Ammor plaidera, dans le cadre de la construction maghrébine, pour une approche moins «essentialiste» (basée sur les facteurs communs aux pays maghrébins, leur essence ) mais davantage «fonctionnaliste», basée sur le modèle intégrationniste poursuivi par l'Union européenne. Et ce dans la mesure où la dimension liée au codéveloppement, au développement régional intégré est à prendre en considération, plaide-t-il, d'autant que le «gap» socioéconomique entre les deux rives ne cesse de s'accroître. En outre, le chercheur marocain en appelera à mettre en place un cadre de suivi et d'application des recommandations des différentes réunions des 5+5 et de le doter des moyens logistiques et humains idoines.