De notre bureau de Bruxelles, Aziouz Mokhtari Les Belges semblent déstabilisés par le peu d'informations qui filtrent de Séoul, de Moscou et d'Alger. Ce qui leur parvient comme nouvelle est plutôt peu rassurant. Pour eux. Evidemment. Le staff technique diable rouge, qui ne voyait pas d'un mauvais œil une rupture du contrat du sélectionneur algérien à la veille de la Coupe du monde, a fait son deuil de cette belle information. Le maintien de Halilhodzic à la tête des Verts est, désormais, acté, ils feront avec. Pire, autre annonce pour les coéquipiers de Hazard. Fabio Capello, l'Italien de Russie, a non seulement été maintenu à la tête de l'équipe nationale mais est désormais le monsieur football de toutes les Russies, des poussins jusqu'au séniors jusqu'à la fin de la Coupe du monde... 2018. Au pays de Pouchkine, de Lavrov, de Yachine et de Poutine on voit loin et grand. Puisque Moscou organisera le grand événement après le Brésil, pourquoi chambouler l'édifice patiemment mis au point depuis des années ? Cette prolongation du contrat de maître Capello n'est pas, loin s'en faut, une façon de lui dire «tu peux faire l'impasse sur le groupe H de 2014, l'essentiel étant, chez nous, après». Non, pas du tout, et les Belges ne l'ont pas compris ainsi, que du contraire ! C'est une autre manière, sans doute la bonne, d'enlever des pressions supplémentaires, inutiles et qui peuvent s'avérer néfastes sur l'ensemble russe. Les résultats escomptés sont réels, selon les concepteurs du projet de la stabilisation jusqu'en 2018 et après, si affinités. «Il n'y a pas plus dangereux et plus difficile à manœuvrer, a très justement réagi Marc Wilmots, le chef diable rouge, qu'une formation qui joue sans stress et à qui on demande tout simplement de faire de son mieux». Les gazetiers du royaume spécialisés en ces choses-là, avertissent du faux prétexte russe selon lequel le Brésil ne serait qu'une étape sur le chemin de la Russie. Les principaux titres de la presse du royaume affirment même qu'une excellent participation des Russes au Mondial 2014 est une exigence non écrite du maître du Kremlin, Poutine, et qu'il l'aurait même signifié à Capello en acceptant la prolongation de ce dernier. Le pont d'or consenti au rusé italien faisant le reste. Les Belges savent que leurs adversaires russes, les autres rouges, ne viendront pas en touristes et surtout pas en regardant les Diables jouer. Le programme établi par les stratèges de l'au-delà de l'Oural qui, bien qu'encore relativement peu connu, est selon toute vraisemblance entre les mains et l'expertise de l'Union royale du football d'ici. Une équipe est chargée de suivre particulièrement la Russie et nombreux sont les articles, émissions radio et télé qui abordent le football au pays de Maxime Gorki. Les écrits et les envois tant sonores que télévisés parviennent de là-bas et sont le fait d'envoyés spéciaux belges. Il est évident que le traitement fait à la Russie est le même pour l'Algérie et pour la Corée. Ce serait être naïf ou ridicule de supposer que quelque détail ou quelque donnée soient laissés au hasard et échappent à l'expertise diable rouge concernant les Fennecs. Les Algériens ont même été servis en la matière avant les deux autres adversaires des Belges du groupe H. La proximité, l'école belge qui a travaillé en Algérie, deux sélectionneurs des Diables rouges ont, tout de même, été de l'expédition algérienne, plusieurs joueurs algériens et franco-algériens ont porté les couleurs de cubs du royaume (Zidane, l'autre pas Zineddine, celui de Courtais, Guedioura, entre autres). Les informations d'Alger sont décortiquées et analysées plus rapidement que celles arrivant de Séoul et de Moscou. Plus la date de la Coupe du monde approche, plus l'on sent, ici, la tension monter, le stress et l'inquiétude s'emparer des gens. Les certitudes des premières heures suivant le tirage au sort du groupe H où l'ensemble belge se croyait, déjà, au second tour sans livrer bataille, sont, actuellement, déclassées par le réalisme, l'objectivité et le sens de la mesure dans la parole et dans l'écrit. Il est vrai, cependant, que les Diables rouges sont «archi-favoris» du groupe comme l'a encore déclaré, hier, Fabio Capello à une chaîne de télévision privée néerlandophone (nord du pays) belge. Aussi surprenant que cela puisse paraître, les dirigeants belges, à leur tête M. Wilmots, n'ont pas pris cela comme un compliment mais comme une manœuvre du rusé sélectionneur de la Russie. Pour, sans doute, atténuer du lourd fardeau qui pèse sur eux, les Belges ne cessent, depuis peu, de dire et de faire dire que le groupe H est équilibré et qu'entre les Russes, les Belges, les Algériens et les Coréens, tout est possible et personne n'est sûr de sortir vivant de la configuration. Faut-il, pour autant, croire à ces sornettes ou c'est carrément une autre partition de l'orchestre rouge, ces résistants à l'ordre nazi mais dont le siège était, précisément, à... Bruxelles ?
