Par Soraya Naili Se soigner par les plantes, une méthode douce qui enregistre un nombre croissant d'adeptes. En témoignent les nombreuses herboristeries qui poussent comme des champignons. Des commerces pris d'assaut par les clients au quotidien. Grippe, fatigue, diabète, gastrite, arthrose, nervosité, insomnie, manque d'appétit..., la phytothérapie vient soulager bien des bobos. La médecine au naturel fleurit comme les pâquerettes au printemps. De plus en plus de personnes préfèrent avoir recours aux plantes plutôt qu'aux médicaments classiques. C'est en tout cas ce que nous ont révélé la plupart des personnes rencontrées dans ces herboristeries. Le premier texte écrit sur la médecine par les plantes est en argile. Il regroupe une série de tablettes rédigées par les Sumériens il y a quelque 3000 ans avant Jésus-Christ. Ainsi commence officiellement l'histoire de la phytothérapie. Depuis, l'homme n'a cessé de poursuivre sa connaissance des plantes et de leurs vertus thérapeutiques. Dans le temps, nos ancêtres n'utilisaient que des racines, des herbes et des plantes pour se soigner. Encore aujourd'hui, dans de nombreuses familles, on préfère aller chez l'herboriste que chez le pharmacien. Zineb, 68 ans Au marché Ferhat-Boussad à Alger, plusieurs herboristeries ont pignon sur rue. De ces petites échoppes s'échappent d'agréables senteurs de thym, sauge, camomille, menthe, basilic, romarin, fleurs d'hibiscus... Des sacs remplis de plantes, de graines et de fleurs séchées sont exposés à l'entrée de ces commerces. Zineb est une habituée des lieux. «Je fais régulièrement provision de plantes médicinales, reconnaît-elle. J'applique à la lettre le proverbe qui dit «mieux vaut prévenir que guérir». Je n'attends pas de tomber malade pour réagir. Je fais de la prévention et ça me réussit plutôt bien. A titre d'exemple, cela fait plusieurs années que je n'ai pas contracté de grippe. Et pour cause. Tout au long de l'hiver, je prends des tisanes de thym (zaâtar) sucrées avec du miel. Pour tous les autres bobos, je demande conseil à mon herboriste. Armoise, aubépine, feuilles de bigaradier, tilleul, gingembre, sauge... ces plantes miraculeuses font partie de ma pharmacopée. Je n'utilise les médicaments chimiques qu'en tout dernier recours. Je préfère les plantes médicinales pour leur côté naturel. Les recettes de grand-mère ont fait leurs preuves depuis des millénaires, et nos aïeux n'utilisaient que ces méthodes douces. Je perpétue donc la tradition au sein de ma famille. Lorsque mon petit-fils a des problèmes de digestion, je lui concocte une tisane à base d'anis vert (habet hlawa) et de boutons d'oranger amers «zehar». Et quand ma petite-fille souffre de coliques, je lui donne à boire des décoctions préparées avec des feuilles de néflier (ourak m'chimcha). Par ailleurs, les antibiotiques n'entrent jamais chez moi. Ma recette magique contre la toux et la bronchite se résume à un bol de miel pur, mélangé à de la résine de pins, pillée et tamisée. Une cuillère à café le matin à jeûn et une autre le soir au coucher. Je pense que la nature est dotée de toutes les plantes indispensables à notre bien-être. Il suffit juste de connaître les indications et respecter les bons dosages en prenant l'avis des herboristes comme je le fais moi-même à chaque fois». Nihal, 41 ans Nous avons également rencontré Nihal, juriste. Elle ne jure que par les bienfaits des plantes médicinales. Au moment où nous l'accostons au marché, elle tient un paquet dans les mains. «Je viens d'acheter de la graine de lin (habet el ketène). J'ai un taux élevé de mauvais cholestérol dans le sang, et on m'a conseillé cette plante, qui est par ailleurs riche en oméga-3. Nihal est accro aux plantes médicinales. «J'essaye de diminuer autant que faire se peut la prise de médicaments. Je me documente sur internet à propos des vertus des plantes et me fait prescrire la bonne posologie par l'herboriste. A l'heure où notre nourriture est saturée de conservateurs, colorants et améliorants, il est temps de revenir à des produits naturels pour retrouver une meilleure santé», insiste-t-elle. Abdou, 22 ans Abdou est herboriste. Il tient un étal à l'intérieur du marché. Il connaît les plantes par cœur et oriente sa nombreuse clientèle qui vient le voir. «Il y a des gens qui ont entendu parler d'une plante et qui veulent l'acheter sans même connaître ses propriétés. Il est important de souligner que même les plantes peuvent être nocives pour notre santé si elles sont utilisées n'importe comment. Mon rôle est de conseiller la clientèle. Je vends de la verveine, du thym, de l'eucalyptus, de l'hibiscus, du basilic, de l'avoine... Je fais aussi des préparations à base de mélange de miel et de plantes. En tout cas, une chose est sûre, il y a un grand retour vers tout ce qui est naturel et bio, et ça je le constate tous les jours», affirme Abdou. Se soigner par les plantes, l'idée en a séduit plus d'un, à condition toutefois de ne pas abandonner son traitement médical sur un coup de tête et de toujours prendre l'avis de son médecin.