Abdelaziz Belaïd, candidat du Front El Moustakbal, aux élections présidentielles du 17 avril prochain, établit son diagnostic du mal qui gangrène le pays. Il estime que l'Algérie souffre de l'absence d'une classe dirigeante compétente sur le plan politique ; «la preuve, cette classe dirigeante n'offre aucune perspective à la jeunesse du pays», et d'une grande partie de l'opposition qui est d'un même acabit. «La classe dirigeante du pays a failli», clame Belaïd qui est venu mercredi dernier en fin de journée à Boumerdès rencontrer plusieurs dizaines de ses partisans avec qui il a, par ailleurs, inauguré le siège de sa permanence électorale dans la ville de Boumerdès. L'homme politique cible également l'opposition pour son manque de savoir-faire politique et qui, selon lui, se contente de se rencontrer à la veille de chaque élection pour lister les responsables à vilipender. «Le combat politique, c'est tous les jours». En clair, le chef du parti El Moustakbal déplore l'absence, dans notre pays, d'un débat politique serein et fécond. Cependant, le candidat Belaïd, né en 1963, laisse la porte ouverte au débat. «Je suis prêt à discuter avec des gens de l'opposition autour d'une plateforme politique», dira-t-il en réponse à notre question sur sa position par rapport à tout ce remue-ménage politico-médiatique que vit le pays. Pour sa première sortie publique, juste après le dépôt de son dossier auprès du Conseil constitutionnel pour l'agrément de sa candidature aux élections présidentielles, le numéro un du Front El Moustakbal, qui a divorcé en 2012, d'avec son ancien parti, le FLN, pour créer, la même année, le sien, n'y est pas allé de mainmorte pour asséner ses vérités sur le pouvoir en place, lequel, d'après lui, a choisi deux critères pour perdurer, à savoir la corruption et l'exclusion. «Ils (les dirigeants du pays (ndlr) ont instauré la corruption à tous les échelons de la société». Et d'ironiser : «Ils ont corrompu même les chômeurs par le biais des mesures de l'Ansej ou d'autres artifices institutionnels. Ils s'accrochent désespérément au pouvoir juste pour préserver leurs intérêts, n'offrant aucune perspective au pays ; ils en sont incapables. Ils ont réussi à marginaliser la génération de l'indépendance et font de la mienne des retraités précoces.» Revenant sur l'opposition, il pense que celle-ci, comme elle n'a pas une vision politique claire, se contente de dire des banalités et n'arrive, par conséquent, pas à mobiliser la population, à travers les partis politiques qu'elle a créés. En quelque sorte, cette opposition est aussi dans une impasse. Belaïd reproche, en outre, aux opposants actuels du quatrième mandat leur absence sur le terrain en 2008. «C'est en réalité en 2008 que la dérive actuelle a commencé. On n'a pas vu beaucoup de monde la dénoncer. De plus, on se focalise sur le quatrième mandat et on oublie l'essentiel : où est le bilan ? Qui va faire ce bilan ? Quel est ce bilan ?» A la question sur la crainte d'une fraude électorale, il se contentera de dire : «Il faut que la Constitution et la loi organique soient respectées.» Visiblement satisfait du travail accompli par son parti, il refuse le rôle de simple lièvre et clame avec en sus le sourire : «Nous n'avons rien acheté, nous n'avons payé personne. Notre militantisme est projeté sur le long terme. La collecte des 88 000 parrainages a été réalisée grâce au travail de nos militantes, militants et sympathisants que je remercie. De plus, notre jeune parti n'a que 750 élus alors que nous avons collecté 1 010 signatures des représentants du peuple.»