Le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales persiste et signe : pas question que la présidentielle prochaine ou tout autre scrutin à venir «échappe» au code électoral qui institue clairement une Commission nationale de surveillance des élections. Mohamed Kebci - Alger (Le Soir) Un «rappel» loin d'être anodin quand on sait que Tayeb Bélaïz a eu, il y a quelques jours, à s'exprimer sur le sujet. C'est qu'en haut lieu, on tient absolument à ne pas céder sur «l'essentiel» et riposter à temps à l'opposition qui, lundi dernier, s'est encore manifestée pour remettre sur le tapis son exigence d'une seule commission indépendante de l'administration pour organiser toute élection de son début à sa fin. C'est ainsi que ce jeudi, au sortir d'une séance de questions orales au niveau du Conseil de la nation, Tayeb Belaïz a, une fois de plus, «rappelé» que l'organisation des échéances nationales était réglementée par la loi électorale qui consacre la Commission nationale de surveillance des élections et lui confère de larges prérogatives dans le domaine. Et d'exprimer son étonnement quant à son «incompréhension» de la dernière proposition de partis d'opposition sur la constitution d'une commission nationale indépendante de surveillance de la prochaine élection présidentielle puisque, dira-t-il, «la Commission nationale de surveillance des élections est «consacrée par la loi électorale qui lui confère de larges prérogatives». Un «argument» que tout le monde connaît, si ce n'est que pour ces partis et autres candidats à la présidentielle prochaine déjà déclarés et personnalités nationales, au nombre de 20, il s'agit justement de passer outre ce code électoral loin de constituer un «texte sacré» donc «intouchable». Il en est de même pour l'autre argument que Bélaïz a eu, par un passé récent, à «brandir», celui selon lequel «dans tous les pays démocratiques, les élections étaient organisées par l'administration». Ce qui est «loin d'être vrai», estime le secrétaire national du RCD, chargé à la communication, pour qui «dans plus de 51% des pays du monde, les scrutins sont préparés, exploités et leurs résultats proclamés par une commission indépendante, l'administration offrant la base logistique sans s'immiscer dans les décisions, les recours ou les sanctions qui viendraient à être prises, 21% ont adopté le système mixte et le reste des pays le système comme le nôtre». Pour Athmane Mazouz, «les commissions telles qu'elles sont instituées jusqu'à présent sont des prolongements de l'exécutif et ne sont en aucune façon garantes de la transparence, les fraudes ayant toujours caractérisé les élections en Algérie». Le secrétaire général de Jil Jadid et candidat à la candidature à la présidentielle d'avril prochain, quelques instants seulement avant qu'il n'anime une conférence-débat à Tizi-Ouzou, hier à la maison de la culture Mouloud-Mammeri, affirmait, pour sa part, «ne rien attendre du ministre de l'Intérieur». «C'est un simple exécutant, nous, nous attendons une décision politique du président de la République à même de conférer à la prochaine présidentielle, régularité et transparence», ajoutera Sofiane Djilali. Et Bélaïz en rajoutera une «couche» à son argumentaire, soutenant que, quand bien même elle serait en droit d'exprimer son opinion et proposer des alternatives, «un fait normal dans les pays démocratiques et ceux qui consacrent le multipartisme», selon lui, l'opposition n'a pas «toujours raison». Et de «rappeler», dans la foulée, que la loi électorale offrait «de grandes garanties pour une opération électorale transparente et claire». Avec cette sortie, encore une du ministre de l'Intérieur au sujet de cette question de «commission» des élections, il s'agira de «guetter» la réaction du groupe de partis, de candidats et de personnalités qui, lundi dernier, l'ont remise au goût du jour, en même temps qu'une autre exigence, celle d'une révision constitutionnelle post-élection présidentielle. Une seconde doléance qui semble avoir trouvé écho favorable auprès de qui de droit, si l'on se fie à Amara Benyounès, le secrétaire général du MPA, qui, apparemment jaloux des sorties de son compère du FLN, ces derniers temps, s'est, lui aussi, laissé aux confidences de ce qui se tramerait en haut lieu. Le secrétaire général du MPA mais aussi membre de l'Exécutif et un des soutiens «désintéressés» du président de la République, a laissé entendre, jeudi sur le plateau d'une chaîne de télévision française, que la révision de la Constitution interviendra «après l'élection». «Je pense qu'elle aura lieu après, nous n'avons pas de temps pour organiser un référendum ou des élections pour la révision de la Constitution», déclarait Amara Benyounès qui tenait à «préciser» que «ce n'est pas de l'information que je donne, c'est de l'analyse que je fais», lui qui s'est «oublié» dans ses professions de foi, invité qu'il était en tant que ministre du Développement industriel et de la Promotion de l'investissement à la première réunion du Comité mixte économique France-Algérie (Comefa). Cette double annonce Bélaïz-Benyounès n'est-elle pas une manière de tenter «l'implosion» du groupe des «20» ?