L'ancien chef du gouvernement Ali Benflis annoncera officiellement sa candidature aux présidentielles d'avril 2014, courant décembre prochain, comme nous l'annoncions dans une de nos précédentes éditions. Mais avant même que cette annonce se fasse, l'on assiste à un extraordinaire ballet de comités de soutien ou d'appels à candidature émanant des quatre coins du pays et d'ailleurs. Une première, s'agissant d'un candidat hors du système. Habituellement, ce genre de phénomène bénéficiait au «bon» candidat, celui du pouvoir donc et qui est élu avant même l'élection ! C'est en train de se faire pour la quatrième fois pour Bouteflika. Cela c'était fait en 1995 pour Liamine Zeroual, et bien évidemment plusieurs fois pour Chadli Bendjedid et Houari Boumediène. Mais là, c'est différent. Ali Benflis n'est plus aux affaires depuis une décennie. Il est même la bête noire de l'entourage de Abdelaziz Bouteflika depuis 2003. Exactement depuis qu'en mars de cette année-là, il sera plébiscité par le huitième congrès du Front de libération nationale comme secrétaire général fort d'une légitimité telle, que les portes du palais d'El-Mouradia lui étaient grandement ouvertes. La suite, on la connaît : dès le lendemain de ce huitième congrès, des représailles s'abattaient sur lui. Limogé de son poste de chef du gouvernement, Ali Benflis subira également tout l'appareil étatique pour lui «soustraire» son parti, le FLN. On y mettait pour cela un peu de tout : de la violence physique comme ces mémorables attaques des sièges des mouhafadhas restées fidèles à Benflis, à l'instrumentalisation des institutions de l'Etat, comme les ministères de l'Intérieur, de la Justice, et même des Affaires étrangères. En 2003 en effet, l'administration s'ingère ouvertement dans les affaires d'un parti politique, le FLN, qu'elle finira par «cloner» en créant un «mouvement de redressement» conduit par le ministre des Affaires étrangères de l'époque, Abdelaziz Belkhadem, et qui sera imposé comme «le vrai» FLN ! Du jamais vu dans l'histoire politique. Dix années après, Ali Benflis revient à la charge avec, donc, cet extraordinaire élan de sympathie qui porte sa candidature. Rien que pour la journée d'hier, nous enregistrions quatre appels ou soutiens émanant d'Alger, de Tizi Ouzou, de Londres et de Dublin ! Quasiment dans toutes les wilayas et dans les plus grands centres urbains, Benflis dispose déjà de réseaux de soutiens qu'aucun autre candidat n'a pour l'instant. Sans aucun doute, il sera le candidat par excellence de l'opposition. C'est du reste celui qui est «suivi» de très près par le cercle présidentiel. Abdelaziz Bouteflika avait été réélu en 2009 sans mener la moindre bataille, en face n'ayant affaire à aucune concurrence. Contrairement à 2004 où il était contraint à mouiller le maillot, à s'engager personnellement dans une bataille féroce pour contrer Ali Benflis. Qu'en sera-t-il pour cette fois-ci ? L'homme qui a déjà enclenché sa propre campagne électorale «par procuration» à travers Sellal, le FLN de Saïdani, le RND de Bensalah, l'UGTA, etc., restera-t-il «indifférent» à cette grande popularité dont jouit déjà son principal concurrent ? En tout cas, Benflis s'impose déjà comme un vrai casse-tête pour la garde rapprochée de Bouteflika, notamment son Premier ministre, et ses ministres de l'Intérieur et de la Justice, les vrais organisateurs du prochain scrutin présidentiel....