La presse française au lendemain des élections et avant la proclamation par Alger des résultats officiels, pour la majorité des titres parcourus, s'interroge sur l'annonce des résultats donnant Bouteflika vainqueur, les klaxons et youyous, alors même que ni le ministère de l'Intérieur ni le Conseil constitutionnel n'avaient promulgué les résultats de la présidentielle. Au matin du 18, la chaîne publique France 24 ouvre avec ce titre : «l'Algérie attend les résultats d'un scrutin déjà contesté». Pour cette chaîne, «le camp du président sortant a annoncé sa victoire avant même le résultat officiel» dès lors Ali Benflis «évoque un coup de force électoral». Plus qu'un coup de force, tôt le matin sur BFM TV qui l'interviewait à partir d'Alger, Ali Benflis, tout en réaffirmant qu'il ne reconnaît pas cette élection, a déclaré qu'il considérait ce scrutin comme «un viol de la souveraineté du peuple» et évoqué l'argent sale utilisé pour «acheter les consciences». «Quant au gagnant, dit-il, c'est l'absolutisme, le pouvoir absolu». Plus incisif encore, il ajoute : «c'est une escroquerie à vaste échelle». Lorsque le journaliste lui demande s'il a les moyens de la riposte, Benflis répond : «Je suis un pacifiste» et les seuls moyens dont je dispose sont "les moyens politiques"». Et cette précision de taille : «nous allons nous organiser, avec ceux qui m'ont soutenu et ceux qui ont refusé de participer à cette élection, pour créer un large front démocratique qui défendra la liberté et la démocratie». Belkhadem comme les affidés de Bouteflika, n'a pas attendu pour s'exprimer dès jeudi soir à l'agence de presse Reuters. «Notre candidat a gagné, cela ne fait aucun doute, Bouteflika a remporté une victoire écrasante». Quant au Monde, le journal français, il souligne et en titre que «le taux de 51,7% annoncé par le ministre de l'Intérieur « est en net recul par rapport à celui de 74% annoncé en 2009». A noter que le journal, qui reviendra sûrement plus longuement une fois les résultats promulgués, ne parle pas de taux obtenu en 2009, mais de taux annoncé. C'est dire le crédit accordé à ces résultats ! Les incidents de Tizi Ouzou n'ont naturellement pas échappé au journaliste du Monde qui relève que c'est là qu'a été observé le plus fort taux d'abstention et c'est en Kabylie, à Bouira qu'il fut enregistré «70 blessés». «A Alger, Bouteflika est apparu en fauteuil roulant, accompagné d'un homme entré avec lui dans l'isoloir pour l'aider à voter». Pour finir, le journaliste du Figaro relève le génie des médias publics : «une séquence vite coupée par la télévision officielle. Beaucoup, dit-il, «ironisent ainsi sur la capacité du président sortant à diriger de nouveau le pays». Ce même journal a fait parler un proche du candidat Benflis qui a évoqué la séquence de coupure téléphonique, fax et internet. L'envoyé du Figaro conclut sur cet épisode par : «de quoi empêcher les proches du challenger de recouper les résultats et communiquer sur les détails des éventuels dysfonctionnements». Le nouvel observateur a choisi, quant à lui, ce titre : «Bouteflika président avant l'heure, Benflis en embuscade». L'hebdomadaire donne le ton très vite : «Pouvait-il en être autrement ? Pouvait-on vraiment imaginer un soir où Alger célébrerait une autre victoire que celle d'Abdelaziz Bouteflika ?» Faisant intervenir des citoyens, le journaliste reprend leurs réponses en deux pavés occupant les intertitres de son papier : «Le combat continue» et «la fraude : prochain combat».