La marche à laquelle a appelé, hier, le MCB pour la commémoration du 34e anniversaire du 20 Avril 1980 à Béjaïa a connu un franc succès. Ils étaient plusieurs milliers — 5 000 personnes selon les organisateurs — à battre le pavé, comme un seul homme, pour célébrer dans l'allégresse ce rendez-vous historique dans le combat identitaire et démocratique qui a ouvert aux Algériens les portes de l'espoir et de l'émancipation démocratique. Dans une parfaite organisation, la procession humaine composée de militants et militantes de la cause amazighe, toutes tendances confondues, s'est ébranlée vers les coups de 11h du campus universitaire de Targa Uzemour vers le quartier CNS avec comme mot d'ordre majeurs : «l'officialisation de tamazight et les libertés démocratiques». Dans une ambiance de fête riche en couleurs, les manifestants n'ont pas cessé de reprendre à tue-tête des slogans fustigeant le pouvoir. «Pouvoir assassin !», «Ya Sellal, ya hakir, fako, fako, fakakir», «Bouteflika Ouyahia, houkouma Irhabia», «Djazaïr, hourra, Djamhouria», Djazaïr, Djamhouria, matchi mamlaka (Algérie est une République et non une monarchie !», «tamazight langue officielle !», «Bouteflika, système dégage !» «dawla irhabia !», ont crié à gorges déployées les manifestants. La foule de marcheurs grossissait au fur et à mesure qu'elle avançait vers le point de chute devant le quartier CNS. Tout au long du trajet de la manifestation, des youyous fusaient des balcons sous un concert de klaxons des automobilistes pour exprimer leur adhésion et soutien à la manifestation. Arrivés devant le quartier CNS, réputé pour être un bastion de toutes les luttes identitaires et démocratiques à Béjaïa, une prise de parole a été improvisée par les initiateurs de la manifestation. Après l'observation d'une minute de silence à la mémoire des martyrs du combat identitaire et démocratique, Aziz Tari, un ancien détenu des événements du printemps berbère en 1980 est revenu sur l'esprit du 20 Avril 1980 qui constitue l'acte fondateur du combat identitaire et démocratique dans le pays .Tout en appelant à la poursuite du combat dans «l'unité et la dignité , l'ancien animateur du MCB a réaffirmé la solidarité du MCB pour les Mozabites et «tous les peuples de tamazgha qui se battent pour leur identité et la démocratie ». «Notre combat pour la démocratie et notre identité n' a toujours pas abouti. Nous allons répondre à l'humiliation et l'insulte du pouvoir depuis 1962 avec dignité et fierté (...), on leur promet une campagne chaude mais intelligente», a martelé Aziz Tari dans son intervention. Abondant dans le même sens, Mira Mekhnache et Djamel Ikhelloufi, membres du comité organisateur de la marche, se sont félicités de la réussite de la marche qui a drainé «des milliers de militants de divers horizons politiques, de la société civile avec comme dénominateur commun, la cause amazighe indissociable du combat démocratique», a-ton expliqué. «Aujourd'hui, vous êtes dix à quinze mille militants à répondre à l'appel de la fraternité dans l'unité pour les libertés et réclamer l'officialisation de tamazight», tonne Djamel Ikhelloufi, animateur du MCB avant d'appeler la jeunesse à prendre «le flambeau pour poursuivre la lutte avec le même esprit du 20 Avril 1980 pour un nouveau souffle afin de faire aboutir notre combat», a-t-il soutenu. Avant que la marche du MCB ne se disperse dans le calme sans aucun incident, le même membre du comité organisateur a annoncé la baptisation symbolique du carrefour Dawadji au nom des événements du 19 mai 1981, une autre date repère dans le combat identitaire et démocratique en Kabylie. Les animateurs du MCB ont également dénoncé la récupération des autorités de wilaya de la stèle érigé au nom de Saïd Mekbel, inauguré le 16 avril à l'occasion de la Journée du savoir. Pour les animateurs du MCB, l'inauguration de cette stèle dédiée à une figure de la presse algérienne, lâchement assassinée par les hordes terroristes islamistes ; son inauguration ne pouvait se faire qu'à l'occasion de la Journée mondiale de la liberté d'expression le 3 mai, a-ton estimé. Par ailleurs, dans un communiqué rendu public, les signataires de l'appel de Tighremt pour la commémoration du 34e anniversaire du printemps berbère ont dénoncé avec la plus grande fermeté «l'empêchement à Tizi Ouzou de la manifestation qui devait se tenir dans un cadre rassembleur, unitaire et pacifique ».«La répression de cette marche constitue un acte grave et porte atteinte au 20 Avril, date historique et symbole du combat amazigh et les libertés démocratiques. Des provocations manifestes, des forces de répression ont transformé une manifestation qui se voulait pacifique en émeutes avec de nombreux blessés, des interpellations et violation des franchises universitaires. Le pouvoir porte seul l'entière responsabilité de cette agression et des conséquences qui en découlent», écrivent les initiateurs de la célébration du 20 Avril 1980. «Le message du pouvoir qui vient de s'arroger une rallonge de cinq ans ne souffre aucune nuance quant à sa politique de déni de toutes les libertés et notamment celle relative à la revendication amazighe», poursuivent dans leur communiqué les mêmes initiateurs de la manifestation commémorative du 20 Avril 1980, tout en appelant l'ensemble des militants de la cause amazighe toutes tendances confondues à «une large concertation pour dégager les voies et moyens à même d'imposer notre combat». Il convient de signaler que la ville de Béjaïa a vibré également à la même heure au rythme d'une imposante marche initiée par le MAK avec ses propres mots d'ordre en faveur de l'autonomie de la Kabylie. A la fin de la manifestation, un groupuscule de manifestants s'est accroché avec les forces de l'ordre. L'intervention des forces de l'ordre n'a pas tardé à ramener le calme. On parle de nombreuses arrestations parmi les jeunes insurgés, selon une source policière.