Abdelaziz Bouteflika a «composté», officiellement, son quatrième mandat au bout d'un effort surhumain, hier lundi, avec une cérémonie d'investiture et de prestation de serment qui restera dans l'Histoire. Au Palais des nations à Club des Pins à Alger, Bouteflika était, sans doute, face au plus sérieux test de sa vie. Kamel Amarni - Alger (Le Soir) - L'ultime étape de ce coup de force, qu'est le quatrième mandat, était effectivement incontournable. L'article 75 de la Constitution l'obligeant à une présence physique personnelle et inévitable, Bouteflika fera ainsi face à des centaines de personnes que sont les invités à la cérémonie et des millions d'autres en direct à la télévision. Vers 10h30, Bouteflika fait son apparition sur un fauteuil roulant, comme prévu. Et comme les Algériens ont désormais appris à le voir depuis le 17 avril. Or, à la différence du jour de l'élection, cette fois, il est tenu de parler. En direct et sans le moindre montage d'image ! Devant donc tout ce que l'Algérie compte comme hauts responsables, civils et militaires, les membres des deux Chambres du Parlement, les walis, les représentants du corps diplomatique accrédités à Alger, une nuée d'autres invités entre représentants de partis politiques, de la société civile, hommes d'affaires, responsables des médias publics et privés, ou tout simplement des partisans, la prestation de serment devait commencer. Dans un silence religieux, le président de la Cour suprême invitera son auguste interlocuteur à répéter derrière lui, comme le veut l'usage, les termes du serment officiel qu'exige la Constitution à tout nouveau président algérien élu. Le suspense atteint son comble, à l'entrée : Bouteflika marquera quelques secondes de retard, qui paraissaient une éternité sur le moment, avant de réagir et commencer à réciter la première phrase du serment ! L'émotion était telle que certains proches ou simples partisans de l'homme ne pouvaient retenir leurs larmes ! Certains craignaient même le pire, à savoir qu'il n'allait pas pouvoir aller jusqu'au bout ! Visiblement très affaibli, il réussira néanmoins à s'acquitter de cette corvée. En tout cas, il accomplira son serment et, pour la première fois depuis le 8 mai 2012, il entamera même un discours à la nation ! Au bout de quelques phrases, il paraissait toutefois évident que Bouteflika n'allait pas tout lire de ce discours que les services de la présidence avaient pris le soin de distribuer avant l'entame du cérémonial. Ainsi, et profitant d'un moment où l'assistance inondait la salle d'un tonnerre d'applaudissements, pour s'extraire à cette deuxième corvée et ce, en recourant immédiatement à la formule d'usage pour clôturer un discours. De manière générale, Abdelaziz Bouteflika s'acquittera à minima de cette «contrainte» constitutionnelle, fort éprouvante physiquement pour un homme de 77 ans et qui doit faire avec de lourdes séquelles d'un accident vasculaire cérébral qui l'avait terrassé le 27 avril 2013. Toujours convalescent, il souffre encore de son problème de motricité, même si la voix est beaucoup plus audible. Cela étant, et au plan strictement politique, c'est sans surprise que Bouteflika répétera son engagement à entamer son premier chantier, la révision de la Constitution. Comme en 2011, il lancera de vastes consultations préalables à cette révision avec «les partis politiques, les représentants de la société civile et des personnalités nationales», tenait-il à préciser. Des consultations que conduira, fort probablement, Abdelmalek Sellal qui vient d'être reconduit à son poste de Premier ministre. K. A. Abdelmalek Sellal de nouveau Premier ministre Le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, a nommé hier lundi M. Abdelmalek Sellal, Premier ministre, en remplacement de M. Youcef Yousfi, qui a assuré l'intérim, indique un communiqué de la présidence de la République. «Conformément aux dispositions de l'article 77 alinéa 5 de la Constitution, Son Excellence Monsieur Abdelaziz Bouteflika, président de la République, a mis fin ce jour à l'intérim des fonctions de Premier ministre assuré par Monsieur Youcef Yousfi», précise le communiqué. «Le président de la République a nommé Monsieur Abdelmalek Sellal, Premier ministre», conclut la même source.