Un an après, le Mouloudia d'Alger reprend sa récolte des titres. Jeudi, à Blida, devant une JSK joueuse mais malchanceuse, le Doyen a ajouté une septième étoile à son tableau de chasse dans la prestigieuse des épreuves nationales. Dure aura été toutefois l'œuvre des protégés de Bouali, saluée par une folle ambiance jusqu'à l'aube d'hier. Une prestation crispante, sans génie, de la part des camarades d'Aksas avec au bout un sacre pour le moins immérité. Car au vu de l'évolution de cette cinquantième finale de l'épreuve populaire, la JSK, joueuse à souhait malgré quelques signes d'affolement défensifs en début de match, sanctionnés par l'auto-goal du capitaine Rial, les Mouloudéens n'ont pratiquement rien fait pour séduire Dame Coupe. Hormis deux ou trois balles arrêtées, et une série de tirs au but positive, les coéquipiers de Ghazi ont plus fait souffrir leurs fans que l'adversaire kabyle. Un ensemble d'Aït Djoudi qui avait pris peur, suite à la réalisation de Rial, mais qui est vite revenu dans le match grâce à une plus grande maîtrise du ballon, un meilleur quadrillage des zones de récupération et de construction mais également un engagement et une présence physique sans faille. De quoi faire de cette formation du Djurdjura le vainqueur tout désigné de cette finale disputée sous un soleil tapant et deux galeries surchauffées. Mais Dame Coupe, si capricieuse, n'en voulait apparemment pas d'une équipe pratiquant du beau football, animée depuis le premier tour de cette épreuve d'une féroce volonté de renouer avec les sacres. L'équipe d'Aït Djoudi qui avait sorti sans panache le tenant du trophée, à Bologhine même, et des adversaires (MCO, MCS et CRBAF) autrement plus coriaces que l'USMMH, l'USC ou Ben Badis a payé cash son manque de réalisme devant les buts de Djemili, pendant les 120 minutes de la rencontre. La baraka de Djemili Une domination devant laquelle les Mouloudéens ont opposé une stratégie défensive à toute épreuve. Déjà, sur le papier, et dès l'entame du match, tout le monde a compris que Bouali a opté pour une extrême prudence avec deux milieux récupérateurs (Ghazi et Boucherit) et deux attaquants de métier (Yahia Chérif et Bouguèche) qui avaient pour mission de bloquer leurs vis-à-vis directs (les défenseurs Mekkaoui et Remache en l'occurrence) tandis que Ouali, supposé évoluer comme meneur de jeu des Vert et Rouge, s'affairait à perturber les relanceurs de la JSK, Maroci et Yesli. C'est dire que, sur le plan offensif, le seul Djallit (comme son remplaçant Yachir) ne pouvait constituer un danger pour une arrière-garde tizi-ouzéenne pourtant pas au mieux de sa forme. Outre Rial, déstabilisé par son auto-goal, Asselah, Belamri, Remache et le milieu axial, Maroci, relèvent de blessure et avaient peu de chance de briller. Le driver kabyle semble avoir pris des risques qui, face à un adversaire cantonné dans sa zone, se sont avérés inutiles. Ses correctifs en seconde mi-temps, avec l'incorporation du jeune Raïah et Aouèdj, ont donné une meilleure assise à l'ensemble kabyle qui a fini par se créer de nombreuses opportunités de marquer avant d'obtenir l'égalisation, sur penalty, en toute fin de match. Physiquement à point, mais manquant de mordant dans le dernier geste, les équipiers d'Ebossé ont subi à la pénible loi de la chance. La Baraka du portier Djemili a fait le reste. M. B.
7e étoile pour le Doyen L'envers du décor Consécration sans gloire pour le Doyen lors de cette 50e édition de l'épreuve populaire. Une septième étoile, en 93 ans d'existence, qui cache mal la misère ambiante d'un club budgétivore qui, d'année en année, coûte à l'Etat, au contribuable surtout, des milliards vendangés sur des salaires mirobolants jamais justifiés sur le terrain. En un demi-siècle, le club algérois passe pour l'un des plus pauvres, dans la région du Maghreb, en termes de palmarès. Le rapport argent dépensé-titres gagnés (7 coups, 7 championnats, une Coupe d'Afrique des champions et deux Coupes maghrébines) est disproportionné. Le Mouloudia est certes le second club le plus titré en Algérie, après la JSK créée en 1946 et qui a pris part à son premier championnat en 1969, mais il faut bien reconnaître que, aussi bien dans sa version civile que celle du club parrainé par la société nourricière du pays, la Sonatrach, le MCA a «investi» des sommes colossales. Au bout du compte, la plus importante galerie du pays a vécu les meilleurs moments de gloire de l'ex-Chiffoune durant les années 70/80, période durant laquelle de grands footballeurs, de vrais, ont marqué l'histoire de ce club pré-centenaire. Betrouni, Bachi, Bachta, Bencheikh et autre feu Draoui ont été les dignes héritiers des Aouadj, Maloufi et autres Zerga et Metrah. Trop belles époques que les nouvelles générations de fans et de dirigeants du club de la capitale n'ont plus la chance de vivre et se contenteront de contempler les fausses promesses d'acteurs bigrement incapables de justifier leur rang et salaire. 2013-2014, saison de toutes les souffrances, a été, en fin de compte, une nouvelle épreuve pour un club en quête de son identité, à la recherche de ses vrais enfants et d'un souffle nouveau. M. B.
Fouad Bouali (entraîneur du MCA) : «Il y a de ces signes qui ne trompent pas...» Fouad Bouali a réussi son pari, celui de gagner la Coupe avec le MCA. Et dire que cet entraîneur a failli ne pas vivre un tel événement, lui qui avait décidé de quitter la barre technique à l'issue du match derby face à l'USMA, joué à Blida, où il fut agressé par un supporter... Comment vivez-vous ce succès ? Avec beaucoup d'émotion. Un succès mérité au vu des sacrifices des joueurs qui se sont donnés vraiment à fond durant ces trois dernières semaines, au cours desquelles nous avons effectué une préparation intense. Comment analysez-vous le match ? Ce fut un match difficile pour les deux équipes. On avait l'avantage d'ouvrir le score dès la 4'. J'avais demandé aux joueurs de gérer cette avance, non pas en s'articulant sur un schéma ultra-défensif, mais juste en redoublant de vigilance. C'est-à-dire accentuer le marquage individuel au niveau de la zone médiane dans le but de freiner les relances de la JSK. Mais en deuxième mi-temps, la fatigue commençait à gagner la plupart de nos joueurs qui se sont mis à se replier, mécaniquement je dirais, en défense, laissant le champ libre à la JSK. A la fin de la partie, les joueurs de la JSK ont réussi à niveler le score. Estimez-vous que le penalty accordé par Bichari aux Kabyles était justifié ? En toute sportivité, oui. Le penalty accordé par l'arbitre est limpide. Avez-vous cru en votre équipe après cette égalisation ? Il est clair que l'équipe qui réussit à renverser la vapeur à ce moment de la partie prend un ascendant certain sur le plan psychologique. Donc, après concertation avec mon staff, on a remobilisé nos joueurs pour gérer comme il se doit le reste du temps réglementaire avant et pendant la séance des tirs au but. Toutefois, je vous assure qu'à aucun moment, Fouad Bouali n'a douté en les moyens et les ressources de son équipe. Cette coupe a un goût particulier pour les fans du MCA du fait que leur team s'est racheté après la désillusion de l'an passé face à l'USMA. Ce n'est pas une chose facile de reconquérir un titre qui vous a échappé un an plus tôt. C'est vrai que le MCA puise sa force de son public. Le Doyen n'a jamais été lâché par ses fans. A la fin du match face à l'US Chaouia, vous avez déclaré que la coupe sera mouloudéenne. C'est vrai, il y a des signes qui ne trompent pas. Ce jour là, on était menés par 2-0 à seulement 7 minutes de la fin de la rencontre. Le Mouloudia avait provoqué un véritable miracle. Il y a également un autre signe : la dernière coupe gagnée par le MCA remonte à 2007, soit 7 ans de cela. Le chiffre 7 est magique, n'est-ce pas ? Propos recueillis par Amine Andaloussi 5e finale perdue par les Canarisbr Grande désillusion à Tizi-Ouzou La déception était à la mesure de l'attente : immense. Il fallait voir, en effet, de quelle espèce était ce climat qui a enveloppé la ville de Tizi-Ouzou, tout juste après que Gharbi eut transformé le coup de pied sanctionnant la cinquième finale ratée par les Canaris. Le peuple de la JSK était groggy, sans voix, même pour exprimer cette déception. Pendant quelque temps, on aurait pu croire que le cœur de Tizi avait cessé de battre. Puis, peu à peu, les esprits se sont remis à fonctionner, mais les idées étaient encore plutôt embourbées. Au pied des immeubles du centre-ville, par petits groupes, on refaisait le match sous tous ses angles pour essayer de trouver pourquoi cette 6e Coupe leur a échappé, pourquoi ce manque de conviction alors que le Mouloudia était sur les rotules dans les deux mi-temps de la prolongation. C'est là l'avis de tous ces supporters, comme de coutume, vite transformés en entraîneurs, qui pour donner son avis sur la composante de départ, mettant l'accent surtout sur la titularisation très discutée de l'absent de longue durée Maroci au détriment de Malik Raïah, qui pour expliquer quel schéma il aurait fallu adopter face à un MCA pas dans son meilleur jour. La désillusion ne leur a pas fait oublier le cours du match, dans ses moindres détails, ils se sont rappelés de tout. Commentaires parfois très acerbes, certes, mais quand on est un supporter sous le coup d'une énorme frustration, on s'autorise quelques remarques qu'aucun entraîneur n'aime entendre, même quand on est Azzedine Aït Djoudi et qu'on a réussi en quelques mois à redonner une âme à la JSK. Des «analyses» de temps à autre entrecoupées de coups de klaxons de supporters locaux du Mouloudia, voire de fervents Jaune et Vert ayant plus ou moins bien accusé le coup mais ayant décidé de narguer les plus déçus. Une ambiance tristounette qui, tout de même, n'a pas tout démoli parce qu'il y en avait qui se sont rappelés que la saison n'était pas encore terminée et qu'une qualification en Ligue des champions est encore à prendre. Juste quelques jours encore et, sans doute, tout repartira pour une fin de championnat peut-être un peu moins triste. M. Azedine Mohand chérif Hannachi (président de la JSK) : «C'était une finale facile que nous n'avons pas su gagner !» Le président Hannachi n'y est pas allé de mainmorte pour accuser l'arbitre de la rencontre M. Bichari qui, à ses yeux, a faussé le résultat final de la partie. «Tout d'abord, je tiens à féliciter l'équipe gagnante, mais l'arbitre était complètement à côté de la plaque car il a influé sur le résultat final. Il nous a cassés aujourd'hui», a tonné le président du club kabyle. Très irrité par l'arbitrage, le président Hannachi pense qu'avec des arbitres pareils, la JSK ne gagnera jamais la coupe d'Algérie. «Il nous a privés de deux penalties et nous a refusé un but valable. Aussi, il n'a pas sanctionné par des cartons les agressions commises par certains joueurs du MCA, de peur qu'ils soient exclus pour cumul», ajoutera Hannachi qui finira par reconnaître que son équipe avait les moyens de remporter ce trophée. «Sincèrement, c'est la finale la plus facile que la JSK a disputée depuis sa création et que malheureusement nous n'avons pas su gagner.» «Nos supporters sont à féliciter» Le président Hannachi a tenu à rendre, enfin, hommage aux supporters qui se sont comportés avec beaucoup de sportivité malgré l'échec. «Nos supporters sont à féliciter. Ils se sont distingués par leur fair-play et je leur promets qu'on fera tout pour se racheter», a-t-il conclu. A. A. Déclarations-express Karim Ghazi (milieu du MCA) : «Je suis très heureux. J'étais doublement concerné par ce match. On ne voulait surtout pas perdre une seconde finale d'affilée. Nous avons fait un très bon début de match, exerçant un pressing haut sur la JSK, pour bloquer les actions adverses. Lors du second half, on a voulu gérer notre acquis, mais la JSK n'a pas baissé les bras et a su revenir au score.» Djamel Belamri (défenseur de la JSK) : «Nous avons raté le début de match en encaissant un but d'entrée de jeu. Par la suite, nous avons réussi à nous procurer des occasions sans pour autant les concrétiser. Durant la série des tirs au but, la chance a souri aux mouloudéens.» Abderrahmane Hachoud (défenseur du MCA) : «Nous sommes contents d'avoir décroché ce trophée qui va nous redonner confiance, et aussi pouvoir se racheter auprès de nos fans pour la finale ratée l'année passée.» Samy Yachir (attaquant du MCA) : «C'est mon premier titre avec le Doyen, après du finale ratée. Je suis fier d'avoir contribué à cette réussite.» Bilel Ouali (milieu du MCA) : «C'était un match très difficile. Le stage de préparation effectué à Tlemcen a porté ses fruits. Les joueurs étaient motivés pour décrocher ce trophée. Je dédie cette victoire à tous les supporteurs mouloudéens.» Malik Asselah (gardien de la JSK) : «Nous avons très mal entamé le match. Le but que nous avons encaissé dès la 4e minute nous a complètement déstabilisés. On était contraints de courir derrière le score tout au long de la rencontre. L'égalisation a été réalisée à deux minutes de la fin. Les prolongations n'ont rien apporté et dans la série des tirs au but, j'ai été malchanceux. J'ai caressé le cuir par trois fois mais sans pouvoir détourner la balle.» Propos recueillis par A. A La ville des Roses fait son bilan après la finale 80 supporters blessés et 10 véhicules saccagés 80 supporters ont été blessés et 10 véhicules dont deux ambulances de la Protection civile ont été saccagés. Tel est le bilan des évènements survenus lors et après le match de la coupe d'Algérie qui a eu lieu jeudi dernier au stade Tchaker de Blida. 70 personnes parmi les blessés ont été secourues sur place par les médecins de la Protection civile de Blida alors que les 10 autres ont été évacuées vers les différents hôpitaux de Blida. Ce sont les échauffourées entre les supporters des deux camps qui ont été derrière leurs blessures ainsi que la détérioration des voitures qui ont été la cible de projectiles lancés de part et d'autre. Eclats de vitres et tôles défoncées, était l'amer constat de cette rencontre. Il est à noter que jeudi matin, à l'arrivée des supports des deux équipes à Ouled Yaïch, pour rejoindre le stade Tchaker, une bataille rangée a eu lieu entre ces derniers et des habitants de cette commune. N'était l'intervention des policiers qui ont séparé les deux belligérants, le bilan aurait été très lourd. M. Belarbi Ambiance particulière dans un café d'Alger La fête chez «Kiki» Le kiosque «Kiki», situé au quartier «Malakoff» entre Bologhine et Bab El-Oued, à Alger, avait un air de stade Tchaker durant le match de la finale de la coupe d'Algérie MC Alger-JS Kabylie. Déjà bien avant le jour J, les supporters du Mouloudia l'ont entouré d'immenses banderoles aux couleurs du Doyen. L'arbitre donne le coup d'envoi. Une foule compacte est là pour suivre le match. Des véhicules bariolés aux couleurs des deux clubs passent de temps en temps, en klaxonnant. Certains s'arrêtent, demandent le score du match, puis repartent. Quelques minutes de jeu, et une formidable clameur se fait entendre, suivie par des youyous «arabes» et des explosions de pétards. Le Mouloudia vient de marquer. «Les supporters», presque tous du MCA, se comportent comme dans un vrai stade : ils applaudissent, crient, chantent et «contestent» parfois les décisions de l'arbitre. Le penalty accordé à la JSK en fin de match est bien sûr «imaginaire» pour les Chnaoua. Rial marque le penalty et là aussi, on entend une formidable clameur, suivie par des youyous «kabyles». Les prolongations n'apportent rien de nouveau et c'est les tirs au but. La JSK rate son premier penalty. Les chnaoua de Malakoff sont sûrs de remporter cette 50e édition de la coupe d'Algérie de football. A chaque penalty marqué par les coéquipiers de Hadj Bouguèche, les supporters du Mouloudia de Malakoff lancent un bruyant «il y est !» comme s'ils étaient dans un vrai stade. Ça y est, le Mouloudia est vainqueur ! Au kiosque «Kiki», on se congratule, on chante et on danse comme dans un vrai stade. Des feux d'artifices illuminent le ciel. Pour les Mouloudéens, la fête ne fait que commencer.
