Dans un communiqué publié jeudi dans un site Web de la propagande djihadiste, Al Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) vient de revendiquer la paternité de l'attentat qui a coûté la vie, selon le bilan officiel, à 11 éléments de l'Armée nationale populaire (ANP). Pour rappel, des véhicules transportant des djounoud de l'ANP revenant de la mission de sécurisation du processus électoral a été attaqué, de nuit, dans une route montagneuse, près de l'agglomération d'Iboudrarène dans la wilaya de Tizi-Ouzou. Cet attentat a été perpétré par ce qui reste de terroristes en activité dans la zone 2 (Bouira, Tizi-Ouzou et Boumerdès) selon le schéma organisationnel d'Aqmi dans le Tell algérien. Bien entendu l'occasion était trop belle pour parler d'eux ; les émirs d'Aqmi qui ont rédigé ce communiqué ont, pour l'occasion, gonflé le bilan de l'attaque. Ce bilan fait état de 30 soldats de l'Armée tués ou grièvement blessés alors qu'un terroriste, originaire de Mostaganem, aurait été, toujours selon ce bilan, abattu. Critiques Le lendemain de cette sanglante attaque perpétrée le 19 du mois écoulé, des anciens officiers supérieurs de l'ANP sont allés avec leurs commentaires extrêmement sévères contre les responsables subalternes locaux de l'Armée ; accusés en outre de relâchement dans une région très sensible et par conséquent de manque de vigilance aggravée par la conjoncture politique locale tendue. Et pour cause le pays était en plein dans un processus électoral bien controversé. Au niveau de la Kabylie ce scrutin y était contesté. Et c'est précisément ce genre d'occasions qu'affectionnent les émirs d'Aqmi pour organiser des attaques ciblées. L'impact politico-médiatique était constamment recherché. Il leur sert de vecteur de recrutement et de déclencheur du moral de terroristes en perdition. On peut donc considérer que le choix géographique et de la période n'est pas innocent. De plus, l'attaque d'Iboudrarène a été certainement supervisée par la direction nationale d'Aqmi. La stratégie des émirs n'a pas changé. Dès qu'ils décèlent une grosse faille dans le dispositif sécuritaire et qu'ils y voient une opportunité d'attaque, ils prennent le temps d'étudier le terrain mais le succès repose essentiellement sur l'effet de surprise et surtout sur la mobilisation de tout leur effectif disponible dans toute une région concernée. C'est, à coup sûr, ce qui s'est passé le 19 avril dans cette route d'Iboudrarène. Il est certain par ailleurs que des terroristes, en plus de ceux de la wilaya de Tizi-Ouzou, sont venus de Boumerdès et de Bouira pour participer à cet attentat. Le succès de cette attaque a permis aux chefs d'Aqmi de faire oublier momentanément les sévères revers qu'ils ont récemment subis notamment dans le massif de Sidi-Ali-Bounab, région à cheval entre les wilayas de Tizi-Ouzou, à l'est et Boumerdès à l'ouest. Il y a quelques semaines, en effet, un émir, qui serait classé 22e dans le rang de la hiérarchie internationale d'El Qaïda, et 6 autres terroristes ont été éliminés dans cette montagne que le Gspc puis Aqmi considéraient comme leur citadelle pour avoir durant des années installé leur PC. Non seulement les terroristes ont été chassés de Sidi-Ali-Bounab, mais de plus ils ont été quasiment réduits au silence dans toute la Kabylie de l'Ouest et l'Est de l'Algérois.