«Pour revendiquer un statut officiel pour tamazight, dénoncer la répression, pour le respect des libertés démocratiques et l'instauration d'une deuxième république sans le système politique actuel...», ces mots d'un étudiant syndicaliste de la CLE, coordination locale des étudiants résument la pluralité des slogans et des revendications scandés par un peu plus de 2 000 participants à la marche organisée, hier, à Tizi-Ouzou, à l'initiative de la Coordination des comités autonomes de l'Université Mouloud-Mammeri de Tizi-Ouzou et soutenue par une dizaine d'ex-animateurs et militants du MCB et la section de Tizi-Ouzou de la LADDH. Décidée à la suite et en réaction à la violente répression qui a frappé la marche commémorative du Printemps berbère du 20 avril dernier, la manifestation d'hier s'est déroulée dans le calme, une ambiance qui a pris des allures plutôt conviviales et bon enfant au sein d'une foule bigarrée d'étudiantes et d'étudiants qui ont déployé des drapeaux aux couleurs nationales et le jaune et vert frappé du «Z» en tifinagh de la bannière amazighe. Une foule à laquelle se sont mêlés «beaucoup de cheveux blancs», plaisantait Mouloud Lounaouci qui faisait partie des quelques figures connues et d'ex-animateurs du MCB qui ont soutenu la marche des étudiants qui se réclament volontiers du combat de leurs aînés et des valeurs du printemps amazighe. «Pour que le combat de nos aînés ne soit pas vain», «Rassemblement et unité autour des valeurs du printemps berbère», lit-on sur deux banderoles portées par les jeunes étudiants. Tout une symbolique et un aspect que n'a, d'ailleurs, pas manqué de souligner le Dr Mouloud Lounaouci qui a insisté sur «le passage de témoin» à la nouvelle génération pour «la remise à flots» de la lutte et des valeurs fondatrices du mouvement culturel berbère. «20 Avril, un événement, une mémoire ; corrigez l'histoire, l'Algérie n'est pas arabe ; tamazight, langue officielle... », ont été aussi les mots d'ordre portés sur des banderoles déployées par les marcheurs qui n'ont pas manqué de formuler des revendications puisées dans le registre politique du MCB et appelant au respect des droits de l'homme, au changement et au rejet du système politique en place. «Pour l'ouverture du champ politique, syndical et médiatique», «pour le changement du système et non dans le système» ont aussi crié les étudiants qui n'ont pas mis de côté leurs préoccupations d'ordre social et pédagogique. «Respect aux étudiants», lit-on, notamment sur une pancarte portée par une jeune étudiante. Signalons enfin, la discrétion dont ont fait preuve les services de sécurité dont beaucoup d'éléments en civil se sont mêlés aux marcheurs, qui ont fait l'objet d'une surveillance aérienne par un hélicoptère aux couleurs de la Gendarmerie nationale, qui a effectué un balayage aérien de l'itinéraire de la marche et une partie du centre-ville où les brigades anti-émeutes et leurs engins motorisés n'ont pas été visibles. Signe visible des précautions prises par les autorités qui tentent, visiblement, d'effacer les effets de la gestion catastrophique de la marche du 20 avril dernier.