La commémoration du 34e anniversaire du Printemps berbère dans les trois wilayas de Kabylie, Tizi-Ouzou, Béjaïa et Bouira, n'a pas été empreinte de calme, notamment dans la ville des Genêts où la marche qui devait s'ébranler du campus de Hasnaoua a dégénéré avant même qu'elle ne commence. Sofiane Aït Iflis - Alger (Le Soir) - L'impressionnant déploiement policier un peu partout dans la ville, et particulièrement dense aux abords du campus universitaire, est assimilé à une provocation de la part des initiateurs de la manifestation que sont les animateurs du Mouvement pour l'autonomie de la Kabylie (MAK), le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) quelques anciennes figures du Mouvement culturel berbère (MCB). La police, qui vraisemblablement a eu pour consigne d'empêcher la marche, n'a pas hésité à charger les manifestants qui ont tenté de marcher vers le centre-ville, usant même de tirs de bombes lacrymogènes pour disperser les marcheurs qui ont riposté avec des jets de pierres, des bouteilles et autres objets. Ces scènes de violences à Tizi-Ouzou ont contrasté avec le calme et la sérénité qui ont prévalu à Béjaïa et Bouira où les marches, ayant drainé plusieurs milliers de personnes, ont pu avoir lieu, même si, signale-t-on, des arrestations auraient été opérées. La célébration du Printemps berbère, qui est intervenue au sortir d'une élection présidentielle qui a vu le système reconduire le président sortant pour un 4e mandat, n'a pas dérogé à la règle : le défilé des ans depuis cet avril 1980 n'a aucunement altéré la vocation qui est restée immensément politique, reproduction immuable de la même revendication de l'officialisation de la langue amazighe. En face, le pouvoir a toujours réagi de la même façon : la répression plus ou moins violente avec, en filigrane, de la constance dans le déni identitaire. Date symbole, référent auquel se sont abreuvées des générations de militants, le 20 Avril 1980 est resté, en dépit de tout, le lien qui cimente le désir d'émancipation démocratique d'une population qui n'a pas fini de subir l'ostracisme d'un pouvoir castrateur des velléités démocratiques. Le 20 Avril reste une date phare, malgré une systématique répression qui a fait du printemps une saison de pleurs et de sang en Kabylie. Quels qu'en soient les chemins pris par les uns et les autres depuis les événements d'Avril 1980, tous convergent vers un point de chute : la réparation d'un déni identitaire. Chaque 20 avril, les uns et les autres reviennent à ce point de départ pour se réarmer d'espoir pour une quête qui s'avère encore longue.