«Une recherche sur internet avec l'entrée Madone de Bentalha associe plus fréquemment mon nom à cette photographie que celui de son auteur», fait remarquer Pascal Convert dans la préface du livre de Hocine Zaourar. Hocine Zaourar, vous connaissez ? Même dans les milieux de la presse écrite, la plupart des gens répondent : «Non !» Si on pose la question autrement : vous avez entendu parler de «la Madone de Bentalha ? Là, les gens répondent par l'affirmative, tout en précisant que l'auteur de cette photo est Hocine, sans rien ajouter. Le photographe de presse Hocine Zaourar est l'auteur de la célèbre photo dite de «La Madone de Bentalha». Mais paradoxalement, cette photographie mondialement connue et primée a caché le talentueux photographe de presse et photographe tout court qu'il est. Le livre d'art L'Algérie dévoilée. De l'ombre à la lumière, paru aux éditions Aglaë, vient à point nommé pour faire sortir de l'ombre Hocine Zaourar que même ses confrères de la presse ne connaissent que par son simple prénom. L'ouvrage (préface de Pascal Convert, textes de Omar Zelig) comporte cinq chapitres intitulés respectivement : Casbah, Azeffoun, Constantine/Berrouaghia, Beaux-Arts/street art et, enfin, Paysages. Le chapitre titré Casbah aurait pu s'appeler Alger ou même Algérie, car Hocine a promené son objectif à Bab- El-Oued, Boufarik, Tizi-Ouzou et ailleurs. Comme l'a fait remarquer Omar Zelig, il y a des liens «multiples» entre Alger et Azeffoun, dans la région de la Kabylie maritime d'où est originaire Hocine Zaourar et tant de chanteurs et artistes «algérois». Au «Beaux-arts, street art», on est surpris par «La Vénus de Belmondo», couverte d'un voile blanc et une corde autour du cou. Retour à Bab El-Oued dans la partie «Street art», l'art de la rue, où des graffitis rendent hommage à Che Guevara, Martin Luther King, Jimi Hendrix et Bob Marley, notamment. Les paysages marins de Hocine Zaourar sont «loin des clichés touristiques de la mer et du soleil bleu tout juste bons à orner des dépliants d'agences de voyages», écrit Zelig, à juste titre. Après la mer, le photographe nous fait voyager jusqu'au fin fond du Sahara, en passant par Blida et Tlemcen et d'autres villes et régions d'Algérie du nord et du sud. «Tandis que de nombreux livres de l'histoire de l'art contemporain récent reproduisent l'œuvre en cire que j'ai réalisée de cette photographie (La Madone de Bentalha, ndlr), son auteur n'apparaît dans l'encyclopédie Wikipédia que sous son seul prénom, Hocine. Et une recherche sur internet avec l'entrée Madone de Bentalha associe plus fréquemment mon nom à cette photographie que celui de son auteur», fait remarquer Pascal Convert dans la préface du livre de Hocine Zaourar. «Cette constatation n'a pas manqué de me troubler. Alors même que j'avais consacré de nombreux articles et un film documentaire à l'histoire de cette image, il était clair que les commentateurs ne retenaient que son inscription dans une réflexion autour de l'art contemporain. Mon entreprise pouvait apparaître comme celle d'une colonisation d'une image, la conséquence étant, à terme, la disparition de son auteur», ajoute l'artiste français. Hocine Zaourar, né à Alger en 1952, vit et travaille dans sa ville natale. Il est lauréat de plusieurs prix internationaux dont le prix Bayeux des correspondants de guerre, le premier prix du Festival international du scoop et du journalisme d'Angers en 1997, le World Press Photo 1997 et le prix d'excellence (catégorie portrait) du World Press la même année. Hocine Zaourar qui déjà en 1974 a eu le prix de la meilleure photo de la ville d'Alger n'est pas le photographe d'une seule photo. Son livre-album photo, plein de vie L'Algérie dévoilée. De l'ombre à la lumière, le démontre tout au long de ses 205 pages.