Le groupe de travail constitué par des intellectuels se réunira, aujourd'hui, afin de présenter et d'enrichir un texte fondateur. L'initiative, qui s'inspire de l'expérience du RAIS des années 1980, vise à créer un mouvement en faveur des catégories les plus démunies de la société. Tarek Hafid Alger (Le Soir) Les intellectuels algériens se préparent à réoccuper l'espace social. C'est l'objectif que s'est tracé un groupe d'intellectuels qui tient, aujourd'hui, une réunion au Centre des ressources de la rue des Frères Ader à Alger-Centre. Le groupe de travail constitué lors d'une première rencontre, tenue début février, présentera son projet d'appel. «Cette initiative a pris forme lors d'une conférence de Rachid Boudjedra sur la question culturelle en Algérie. Des participants ont saisi cette occasion pour lancer l'idée d'un regroupement», explique le journaliste et écrivain Hocine Belalloufi, membre du groupe de travail. Ce mouvement, indique-t-il, est inspiré du Rassemblement des artistes, intellectuels et scientifiques (RAIS) qui s'était constitué, durant les années 80, pour dénoncer l'emprisonnement arbitraire du réalisateur Rachid Benbrahim. «Ce nouveau mouvement s'inscrit dans la lignée des actions des intellectuels progressistes. Il est important de mobiliser ceux qui font partie d'un même courant mais qui n'ont plus aucune visibilité et qui continuent d'exprimer des idées auxquelles adhèrent un grand nombre d'Algériens. Les trois thèmes fédérateurs sont la défense de la souveraineté nationale, la démocratie et la justice sociale», note Hocine Belalloufi. Ce mouvement est-il une initiative politique ? «La base est effectivement politique mais l'objectif consiste à organiser des actions envers les catégories les plus démunies de la société. A titre d'exemple, nous avons pensé à tenir un sit-in devant la cité des jeunes filles de Dély-Ibrahim en solidarité avec les étudiantes qui ont été insultées dans le reportage diffusé par Ennahar TV. Nous avons également prévu de soutenir les travailleurs marginalisés par le groupe Lafarge avec la complicité de l'UGTA. Bien sûr, nul ne peux préjuger des actions futures. Il est possible que le mouvement s'engage dans une démarche politique, il reviendra à ses membres de le décider. Mais pour l'heure, nous ne nous inscrivons pas dans une démarche d'intégration à un parti ou à un rassemblement politique». Lors de la réunion d'aujourd'hui, les membres du groupe de travail présenteront le projet de texte qu'ils ont élaboré. Le document sera enrichi puis adopté. «Cette initiative est ouverte à tous les intellectuels qui se reconnaissent dans les valeurs que nous défendons. Nous les invitons donc à participer à cette nouvelle réunion pour participer à la rédaction de cet appel». A titre indicatif, le projet de texte qui sera proposé aujourd'hui, dresse un constat sans appel du rôle et des responsabilités des intellectuels en Algérie. «Aucun homme providentiel ne parviendra à relever les immenses défis auxquels notre peuple est confronté. Seules sa conscience et sa mobilisation permettront d'y arriver. Partie intégrante de notre peuple, les intellectuels portent une lourde responsabilité sur leurs épaules. Ils peuvent se placer au service du pouvoir ou des puissances d'argent. Ils peuvent aussi se réfugier dans une confortable tour d'ivoire, loin du tumulte de la société réelle. Mais ils peuvent également rejeter l'idéologie néolibérale dans ses versions islamiste ou séculière et choisir de se faire entendre, de prendre position sur toutes les questions de société et d'intervenir concrètement aux côtés des démunis et des opprimés pour faire face aux inégalités, aux injustices et aux violations des droits et de la dignité humains».